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RDC : un jour après Doha l’AFC/M23 dénonce une « provocation militaire des FARDC » à Uvira

Un jour à peine après la signature de l’accord de principes entre le gouvernement congolais et le mouvement politico-militaire AFC/M23 à Doha, le climat semble déjà se tendre. Ce dimanche 20 juillet 2025, le mouvement rebelle a dénoncé, par voie de communiqué, la poursuite du déploiement de troupes des FARDC appuyées par des milices alliées ainsi que l’acheminement d’armes lourdes dans les Hauts plateaux d’Uvira, dans le Sud-Kivu.

Selon l’AFC/M23, ces mouvements militaires sont en contradiction avec l’esprit de l’accord signé la veille et constituent une menace directe contre le fragile processus de désescalade en cours. « Nous considérons ces agissements comme une provocation manifeste, susceptible de compromettre la suite du processus de paix amorcé à Doha », déclare un cadre du mouvement, membre de la délégation présente au Qatar.

Vers un blocage du processus ?

L’inquiétude est d’autant plus grande que l’un des négociateurs du M23 a reconnu, sous anonymat, que la suite des pourparlers pourrait connaître des blocages. « Il n’est pas exclu que les prochaines étapes de négociation connaissent des impasses, comme ce fut le cas au cours des rounds qui ont précédé la signature de la déclaration de principes. La confiance n’est pas encore totalement rétablie », a-t-il affirmé.

Une déclaration de principes sous médiation qatarie et américaine

Pour rappel, le gouvernement congolais et le mouvement AFC/M23 ont signé, samedi 19 juillet 2025, à Doha, une déclaration de principes censée poser les bases d’un futur cessez-le-feu global, du retrait des forces du M23 des zones occupées, du désarmement progressif et de la réintégration politique. Le document a été parrainé par le gouvernement qatari, avec l’appui diplomatique des États-Unis, et en présence de représentants de l’Union africaine et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).

Le texte, bien que salué comme un « pas historique » par certaines chancelleries, reste vague sur les délais et mécanismes de mise en œuvre. Il insiste néanmoins sur :

  • La cessation immédiate des hostilités,
  • Le respect de l’intégrité territoriale de la RDC,
  • Le règlement politique des causes profondes du conflit,
  • L’engagement mutuel à poursuivre les négociations pour parvenir à un accord final.

Goma et Bukavu toujours sous contrôle du M23

Malgré cet accord, l’AFC/M23 continue de contrôler plusieurs zones stratégiques dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, notamment les villes de Goma, Bukavu, ainsi que de nombreuses localités dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Kalehe, Mwenga et Uvira. Le mouvement estime que le retrait de ses troupes ne peut se faire qu’en échange de garanties concrètes, y compris sur la sécurité de ses membres, la libération des prisonniers politiques et une réforme profonde de la gouvernance à Kinshasa.

Une paix encore fragile

Si la signature de la déclaration de principes a marqué un tournant dans une crise régionale qui s’enlise depuis 2022, la situation sur le terrain montre que la méfiance demeure. Des actes concrets seront désormais nécessaires pour bâtir une paix durable. En attendant, les populations civiles dans les zones de conflit continuent de payer le prix d’une guerre sans fin.

Affaire à suivre.

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