Le climat sécuritaire en République Démocratique du Congo continue de se dégrader. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, le Général-major Sultani Makenga, chef militaire de l’Alliance du Fleuve Congo – Mouvement du 23 mars (AFC-M23), a tenu des propos qui font craindre une escalade du conflit.
« Mon prochain meeting se tiendra à Kisangani, Kalemie et Kindu », a déclaré le chef rebelle, s’adressant aux nouvelles recrues lors de la clôture d’une session de formation politique organisée dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu.
Une menace voilée d’expansion
Si ses paroles semblent anodines, elles sont interprétées par de nombreux observateurs comme une menace directe envers trois villes stratégiques : Kisangani (Tshopo), Kalemie (Tanganyika) et Kindu (Maniema). Ces centres urbains représentent des carrefours économiques et logistiques majeurs pour la RDC, dont la chute fragiliserait davantage la souveraineté nationale.
Cette sortie intervient alors que les pourparlers de paix tenus à Doha piétinent, laissant place à une intensification des affrontements entre les rebelles de l’AFC-M23, les Forces armées de la RDC (FARDC) et les milices d’autodéfense Wazalendo, tant au Nord-Kivu qu’au Sud-Kivu. Depuis plus d’un mois, plusieurs villages ont déjà changé de contrôle dans le Masisi et le Rutshuru, aggravant la crise humanitaire.
Une inquiétude grandissante
La déclaration de Makenga intervient également dans un contexte où la tension monte à Uvira, au Sud-Kivu, considérée comme une ville stratégique ouvrant la voie vers le Tanganyika et le Maniema. Une progression rebelle vers ces zones pourrait redessiner les lignes de front et menacer directement la stabilité de l’Est du pays.
Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée du côté des autorités congolaises. Mais sur le terrain, la société civile et plusieurs organisations locales alertent déjà sur les risques d’une extension du conflit et appellent à un sursaut diplomatique urgent.
Un signal politique et militaire
Plusieurs analystes estiment que Makenga utilise cette communication comme une arme psychologique destinée à galvaniser ses troupes et à inquiéter Kinshasa, tout en soulignant l’impasse des négociations internationales. L’échec de Doha, perçu comme une nouvelle occasion manquée de rapprochement, renforce l’idée que le conflit pourrait s’étendre vers le centre du pays.
La communauté internationale, qui suit de près l’évolution de la situation, redoute une crise sécuritaire et humanitaire de plus grande ampleur si les menaces de l’AFC-M23 venaient à se concrétiser.
Muller Mundeke Kalonji à Beni