Sous la médiation active des États-Unis, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont officiellement signé un accord de paix historique, destiné à mettre fin à des années de tensions et d’instabilité dans la région des Grands Lacs.
Cet accord, paraphé à Washington par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, pose les bases d’un processus de désescalade militaire et de coopération économique. Mais quels sont les engagements concrets et le calendrier prévu ?
Une première étape diplomatique avant fin juillet
Selon des sources diplomatiques citées par Radio France Internationale (RFI), la mise en œuvre de l’accord commence dès ce mois de juillet. Avant le 27, Kinshasa et Kigali devront mettre en place un mécanisme conjoint de coordination, chargé d’assurer le suivi des engagements. Ce dispositif sera épaulé par un comité de surveillance international incluant l’Union africaine, les États-Unis et le Qatar.
La première réunion de ce comité est attendue au plus tard le 11 août, et devra poser les bases pratiques de la coopération militaire et sécuritaire entre les deux voisins.
Neutralisation des FDLR et levée des défenses rwandaises : un délai de 90 jours
Sur le terrain, l’urgence est claire : éradiquer la menace des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et démanteler les mesures militaires défensives mises en place par Kigali le long de sa frontière avec l’Est congolais.
Le processus est divisé en deux grandes phases :
- Une phase préparatoire de 15 jours, consacrée à l’évaluation de la menace, à la localisation des forces rebelles et au partage d’informations entre les deux armées.
- Une phase opérationnelle de trois mois, au cours de laquelle les FDLR devront être neutralisées et les positions défensives rwandaises progressivement levées.
Des sources proches du dossier n’excluent pas une opération militaire conjointe entre les FARDC (armée congolaise) et les RDF (forces rwandaises), mais une telle initiative nécessitera l’accord explicite des deux États.
Un volet économique régional d’ici fin septembre
Au-delà de la sécurité, l’accord prévoit aussi une dynamique de coopération économique. D’ici au 27 septembre 2025, un cadre d’intégration régionale devra être mis sur pied. Il visera à renforcer la collaboration entre Kinshasa et Kigali autour des ressources naturelles, du commerce transfrontalier et des investissements bilatéraux.
En toile de fond, les négociations avec l’AFC-M23
Cet accord bilatéral intervient alors que des pourparlers sont en cours à Doha entre le gouvernement congolais et l’AFC-M23, principale rébellion active dans l’Est du pays. Les observateurs estiment que la mise en œuvre du protocole de Washington constitue un préalable politique et sécuritaire avant la signature d’un accord avec le mouvement rebelle soutenu, selon Kinshasa, par Kigali.
Un accord sous haute surveillance internationale
Porté par Washington et soutenu par l’Union africaine et le Qatar, l’accord de Washington s’inscrit dans une tentative renouvelée de stabilisation de la région des Grands Lacs, où les conflits armés ont déjà fait des centaines de milliers de déplacés. Les trois prochains mois seront décisifs pour juger de la bonne foi des parties et de la durabilité de cette initiative diplomatique.
À suivre donc, entre espoir de paix durable et vigilance quant à l’application concrète des engagements pris.
Xavier Yulu Kasongo