Une nouvelle salve verbale lancée par Paul Kagame à l’encontre de son homologue congolais Félix Tshisekedi relance les tensions politiques déjà vives entre Kigali et Kinshasa.
Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi à Kigali, le président rwandais a remis en cause la légitimité de l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2018, tout en adressant une mise en garde ferme concernant le respect de l’accord de paix signé récemment entre les deux pays.
« Tshisekedi n’a pas gagné les élections de 2018, il a simplement été appelé dans un bureau et on lui a donné le pouvoir », a lâché Kagame, visiblement déterminé à raviver une polémique déjà ancienne. Il a ajouté que son prédécesseur, Joseph Kabila, pensait “faire une bonne affaire” en négociant une transition qui a longtemps été perçue comme entachée de non-transparence.
Ces déclarations surviennent alors que les relations entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda restent extrêmement tendues, notamment en raison de la persistance des conflits armés dans l’Est congolais, où Kigali est régulièrement accusé de soutenir la rébellion du M23.
Concernant le fragile accord de paix signé à Washington la semaine dernière sous l’égide de partenaires internationaux, Kagame a averti que son pays ne tolérerait aucune entorse aux engagements pris.
« Si la partie avec laquelle nous avons traité joue à des jeux… nous réglerons le problème », a-t-il martelé.
Un climat de défiance persistant
Ces propos résonnent comme une menace à peine voilée, alors que plusieurs analystes s’interrogent sur la sincérité des engagements de chaque partie. En RDC, les propos de Kagame sont déjà perçus comme une provocation de trop, et risquent de compliquer davantage les efforts diplomatiques en cours pour une désescalade durable.
La présidence congolaise, pour l’instant, n’a pas encore officiellement réagi à ces déclarations.
Une remise en cause stratégique ?
En relançant le débat sur l’élection présidentielle de 2018 — marquée par des soupçons de fraude et un accord supposé entre Tshisekedi et Kabila — Kagame semble vouloir affaiblir davantage la position de Kinshasa sur la scène régionale. Une stratégie risquée, à un moment où la pression internationale s’intensifie pour que Kigali cesse tout soutien présumé aux groupes armés opérant dans l’Est congolais.
Ce nouveau clash verbal entre les deux chefs d’État s’inscrit dans un contexte régional explosif, où les rivalités politiques et sécuritaires continuent de les efforts de stabilisation des Grands Lacs.
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