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RDC : report du 6e round des pourparlers de Doha entre Kinshasa et AFC-M23, voici ce qui bloque

Annoncé comme un tournant décisif pour la paix dans l’est de la République Démocratique du Congo, le sixième round des pourparlers directs entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC-M23 n’aura finalement pas lieu ce vendredi 8 août à Doha, comme initialement prévu.

À la veille de la date annoncée, ni la délégation congolaise ni celle du mouvement rebelle n’avaient foulé le sol qatari, selon des sources diplomatiques et proches du dossier. Ce nouveau report vient allonger la série de retards qui plombent un processus censé déboucher sur un accord de paix global au plus tard le 17 août 2025.

Un échange de prisonniers au centre de la discorde

Derrière ce report se cache un blocage majeur : la mise en œuvre des mesures de confiance prévues par la Déclaration de principes signée le 27 juin dernier à Doha. L’élément le plus sensible porte sur la libération réciproque de prisonniers, point que les deux camps peinent à concrétiser.

Selon la médiation qatarie, les négociations se poursuivent pour définir un mécanisme sécurisé et supervisé d’échange de prisonniers, en partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le Qatar reconnaît que “le processus prend plus de temps que prévu”, mais assure que “des progrès notables ont été réalisés”.

L’AFC-M23 exige la libération d’au moins 700 prisonniers, membres ou proches du mouvement, arrêtés par les services de sécurité congolais depuis le début du conflit. Un haut cadre de la rébellion, joint par nos confrères d’Al Jazeera, a déclaré que “tant que ces libérations ne seront pas effectives, il est inutile de parler de négociations directes à Doha”.

De son côté, Kinshasa a exprimé sa volonté de coopérer, mais reste silencieux quant à un calendrier concret pour la libération de ces détenus. D’après des sources diplomatiques, des divisions internes au sein du gouvernement freinent la prise de décision à ce sujet, certains responsables craignant un signal d’impunité.

Un calendrier de paix de plus en plus fragile

La Déclaration de principes avait fixé au 29 juillet la date limite pour la mise en œuvre des mesures de confiance. Ce prérequis devait ouvrir la voie à l’ouverture des pourparlers directs le 8 août, en vue de parvenir à un accord de paix inclusif d’ici le 17 août.

Mais ce calendrier, déjà jugé ambitieux par de nombreux observateurs, semble désormais irréalisable au regard des retards accumulés. La médiation qatarie appelle néanmoins les parties à « faire preuve de bonne foi et de volonté politique » pour débloquer la situation.

Une pression régionale et internationale croissante

Le report intervient alors que la pression s’intensifie sur les deux camps, tant au niveau régional qu’international. L’Union africaine, la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) et même le Rwanda – perçu par certains comme soutien de l’AFC-M23 – appellent à une avancée rapide du processus.

En parallèle, les violences se poursuivent dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, où des combats sporadiques entre les FARDC et les rebelles continuent de faire fuir des milliers de civils. La société civile du Nord-Kivu s’est également exprimée dans plusieurs forums locaux, exigeant des actes concrets et non des promesses diplomatiques.

À moins de dix jours de la date butoir pour la signature d’un accord global, le processus de Doha montre des signes de ralentissement inquiétants. Si la médiation qatarie reste optimiste, la suite dépendra essentiellement d’un geste fort des deux parties, notamment sur la question des prisonniers. Faute de quoi, les espoirs de paix dans l’est de la RDC risquent une fois de plus d’être remis aux calendes grecques.


Muller Mundeke Kalonji

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