Une attaque meurtrière a semé l’effroi mercredi soir dans le quartier Yambi Yaya, au cœur de la ville de Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo. Une fusillade survenue dans un bistrot situé à proximité de l’hôtel Tendera et du rond-point Zéro a fait au moins trois morts – dont une femme – et quatorze blessés, selon le dernier bilan communiqué par la Police nationale congolaise (PNC).
Une attaque ciblée et préméditée
Le drame s’est produit aux alentours de 22 heures. Des témoins rapportent avoir entendu une rafale d’armes automatiques, semant la panique dans ce quartier habituellement paisible à cette heure. Le commissaire supérieur Gérard Abeli Mwangu, commandant de la PNC à Bunia, a confirmé que l’attaque avait été perpétrée par trois individus armés non identifiés, habillés en tenue civile, qui circulaient à moto.
« C’est une attaque lâche, dirigée contre des civils sans défense. Trois morts dont une femme, et quatorze blessés, parmi lesquels un militaire de la justice. Nous avons besoin de la coopération de la population pour identifier ces criminels », a déclaré le commissaire supérieur lors d’un point de presse.
Mode opératoire : rapide, brutal, et sans sommation
D’après les premiers éléments de l’enquête, les assaillants seraient arrivés sur une moto de marque TVS. L’un d’eux, resté sur la moto, assurait vraisemblablement la surveillance, pendant que les deux autres entraient dans le bistrot et ouvraient le feu sans avertissement. L’attaque semble avoir été soigneusement planifiée et pourrait s’inscrire dans une série de violences urbaines qui inquiètent de plus en plus la population locale.
Certains analystes locaux soupçonnent des bandes armées opérant dans la périphérie de Bunia ou des miliciens en infiltration urbaine, profitant de la porosité sécuritaire de la ville.
Une population en colère et une sécurité remise en question
Sur place, l’émotion reste vive. De nombreux habitants dénoncent l’inefficacité des mesures sécuritaires en vigueur dans la capitale provinciale. Des appels pressants sont lancés aux autorités pour une réponse musclée et durable face à l’insécurité grandissante.
« On ne peut plus continuer à vivre comme ça. Chaque jour, des gens sont tués sans que les auteurs soient arrêtés. Nous demandons plus de patrouilles, plus de caméras, plus de présence policière », témoigne un habitant du quartier, visiblement choqué.
Enquête en cours et numéro d’alerte mis à disposition
La PNC affirme avoir déjà ouvert une enquête. Des relevés balistiques ont été effectués sur les lieux et des témoignages de riverains sont en cours de recueil. Le commissaire Abeli Mwangu a appelé la population à la vigilance et à la collaboration active. Un numéro vert, le 081 10 50 013, a été mis en place pour recueillir tout renseignement susceptible de faire avancer les investigations.
Des patrouilles renforcées ont été déployées dans la nuit et ce jeudi matin dans plusieurs quartiers jugés sensibles de Bunia, en attendant des mesures concrètes du gouvernement provincial.
Un climat sécuritaire fragile en Ituri
Cette attaque intervient dans un contexte de tension persistante en Ituri, où l’activisme de plusieurs groupes armés – notamment la CODECO et les ADF – continue de perturber la stabilité régionale. Si la ville de Bunia est restée relativement épargnée ces derniers mois, des incursions urbaines violentes comme celle de mercredi soir remettent en cause cette apparente accalmie.
En attendant l’arrestation des auteurs de cette fusillade, les autorités sont appelées à redoubler d’efforts pour sécuriser les zones urbaines et protéger les populations civiles.
Muller Mundeke depuis Beni