La ville d’Uvira, au Sud-Kivu, connaît depuis plusieurs jours une montée des tensions marquée par des affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et certains groupes wazalendo pourtant censés les appuyer dans la lutte contre l’AFC/M23.
En cause : la récente nomination du général Olivier Gasita Mukunda, un officier dont la présence est vivement contestée par ces milices locales et une partie de la société civile.
Des journées « ville morte » et une ville paralysée
Depuis le mardi 2 septembre, Uvira, deuxième ville du Sud-Kivu, vit au rythme des protestations. Les wazalendo, soutenus par des acteurs de la société civile, organisent des journées « ville morte » pour exprimer leur rejet de la nomination du général Gasita. Cette contestation a fortement perturbé la vie quotidienne : écoles fermées, commerces au ralenti et frontière avec le Burundi quasiment bloquée, seuls quelques commerçants traversant encore à pied.
Sur le terrain, des barrières érigées par les combattants entravent la circulation et accentuent le climat de tension, alors que l’armée continue de soutenir son officier.
Une crise de confiance
La colère des wazalendo a été amplifiée par une vidéo du général autoproclamé John Makanaki, diffusée en début de semaine. Celui-ci y affirme ne pas reconnaître l’autorité de l’armée régulière et rejette les processus de paix en cours à Doha et Washington, qu’il qualifie de « commerce ».
Le général Gasita, originaire de la communauté banyamulenge, cristallise une partie des critiques. Ses détracteurs l’accusent de ne pas avoir réussi à freiner l’avancée de l’AFC/M23 et, pour d’autres, son appartenance communautaire alimente également la méfiance.
Yakutumba hausse le ton
Dans ce contexte déjà explosif, le puissant chef milicien William Yakutumba a réagi publiquement. Dans une déclaration ce vendredi 5 septembre, il a mis en garde Kinshasa :
« C’est une déception pour nous… Si Uvira tombe, c’est toute la RDC qui tombera. Nous, les Wazalendo, affirmons clairement que le général Gasita, récemment nommé, ne sera pas accepté ici. Lors de la chute de Bukavu, il avait déjà prononcé un discours appelant à laisser passer les rebelles du M23. »
Yakutumba ajoute que la population d’Uvira vit dans une insécurité croissante, rappelant que plusieurs éléments de la police nationale congolaise (PNC) et des FARDC ont trouvé refuge au Burundi lors de l’avancée des rebelles.
Aucun compromis en vue
Une réunion de concertation tenue vendredi à Uvira pour tenter de désamorcer la crise n’a pas abouti. Six grands groupes wazalendo continuent de tenir leurs positions dans et autour de la ville, faisant planer une incertitude majeure sur la stabilité du Sud-Kivu.
Alors que les combats contre l’AFC/M23 se poursuivent dans l’Est de la RDC, cette nouvelle fracture entre les FARDC et leurs supplétifs met en lumière les fragilités d’une alliance militaire déjà très contestée.
Muller Mundeke Kalonji
