Alors que les tensions entre les milices Wazalendo et les autorités congolaises s’intensifient, un mémo adressé au président Félix Tshisekedi révèle les ambitions grandissantes de ce groupe armé. Bien qu’ils affirment leur loyauté à l’État, les Wazalendo posent désormais des conditions qui dépassent le cadre strictement militaire.
La visibilité des Wazalendo s’est accrue depuis la contre-offensive des forces armées congolaises (FARDC) contre le groupe AFC-M23. Sur le terrain, ils patrouillent aux côtés des FARDC, notamment dans la région de Sake, au Nord-Kivu, mais leur présence s’étend désormais dans plusieurs villes et villages du Sud-Kivu, du Maniema et du Nord-Kivu.
Des revendications militaires et sécuritaires
Dans leur mémo adressé à la délégation gouvernementale à Uvira, les Wazalendo formulent plusieurs exigences. Parmi elles :
- L’interdiction des mouvements de populations en provenance des zones sous contrôle du M23/AFC.
- La présence effective des responsables gouvernementaux à Uvira, plutôt qu’à Bujumbura, la capitale burundaise voisine.
- Le déploiement de leurs combattants aux principales entrées de la province pour sécuriser la région.
Des ambitions politiques affirmées
Mais leurs ambitions ne s’arrêtent pas au domaine sécuritaire. Les Wazalendo demandent également :
- La participation aux discussions de paix, y compris aux pourparlers de Doha.
- L’intégration de leurs cadres politiques dans les gouvernements national et provincial, ainsi que dans les institutions étatiques et para-étatiques.
- La nomination d’un conseiller spécial chargé exclusivement des questions liées aux Wazalendo au niveau national, pour assurer le suivi de leurs revendications.
Une question de contrôle et de loyauté
Pour l’instant, aucune réponse officielle n’a été apportée à ce mémo. Dans l’entourage du président, un conseiller explique que ces demandes doivent transiter par la Réserve armée de la Défense (RAD), créée en 2023 pour encadrer les Wazalendo et soutenir les FARDC. Problème : cette structure n’est pas encore opérationnelle à Uvira.
Conséquence : les milliers de Wazalendo présents au Sud-Kivu restent sous l’autorité de leurs propres chefs, parfois critiques envers les FARDC et ne se considérant pas comme leur prolongement direct.
Des ONG et l’ONU soulignent dans plusieurs rapports récents que la question du contrôle réel des Wazalendo et de l’étendue de leur mobilisation constitue un enjeu central pour la sécurité de l’Est de la RDC. Le groupe n’est plus seulement actif sur le front militaire : sa présence est désormais visible dans les centres urbains et villages, faisant peser un défi majeur pour l’autorité de l’État.
À Uvira, leur opposition récente au général Olivier Gasita, commandant adjoint de la 33ᵉ région militaire, illustre la complexité de la situation et les tensions latentes entre les milices et l’armée régulière.
Muller Mundeke Kalonji