Le général Olivier Gasita, récemment nommé commandant adjoint de la 33ᵉ région militaire en charge des renseignements, a quitté Uvira, chef-lieu provisoire du Sud-Kivu, dans la plus grande discrétion après plus d’une semaine de tensions.
Une contestation persistante
Sa présence dans la ville avait provoqué de vives protestations de la population locale, des Wazalendo partenaires des FARDC et de certaines structures de la société civile. Ces derniers l’accusaient d’être un « agent double » à la solde de l’AFC-M23, un mouvement rebelle actif dans l’Est du pays.
« La pression a fini par triompher. Le général Gasita a quitté Uvira », a confié une source sécuritaire locale.
Destination Kinshasa
Selon des informations concordantes, le général aurait pris la direction de Kinshasa, où il devrait rencontrer sa hiérarchie afin de recevoir de nouvelles instructions. À ce stade, aucune communication officielle des FARDC n’a été faite sur ce départ.
Cependant, d’autres sources évoquent le départ discret du général Gasita via le lac Tanganyika en destination de Kalemi.
Entre soupçons et appartenance ethnique
Si certains acteurs locaux l’accusent de collusion avec les rebelles, sa hiérarchie militaire, au contraire, le décrit comme un « officier discipliné et irréprochable ». Plusieurs observateurs estiment que Gasita a surtout été victime de son apparence et de son appartenance tutsie, dans un contexte où la méfiance communautaire reste vive dans l’Est de la RDC.
Un analyste explique :
« Ce qui s’est passé à Uvira est révélateur de la peur et du manque de confiance liés aux appartenances tribales. Nous jugeons nos compatriotes par leur nom ou leur visage, au lieu de leur loyauté à la République. »
Le poids du passé
Un autre observateur rappelle que cette méfiance n’a pas toujours guidé les opérations militaires :
« En 2013, l’opération Pomme-orange avait permis une victoire importante de l’armée sans que l’origine des soldats ne soit remise en cause. Le feu général Chirimwami, à la tête de l’opération Sokola 1, avait vu l’un de ses officiers, le colonel Alain, originaire de Minembwe, reprendre Médina des mains des ADF. »
Une victoire de la rue
Malgré la volonté des autorités de maintenir le général à son poste, la mobilisation populaire marquée par des journées de ville morte a fini par l’emporter. Le départ du général Gasita apparaît ainsi comme un compromis destiné à ramener un climat d’apaisement à Uvira, une ville secouée depuis plusieurs jours par cette controverse.
Muller Mundeke Kalonji
