Le gouvernement congolais et le groupe rebelle AFC/M23 viennent de signer un mécanisme officiel d’échange de prisonniers, a annoncé ce vendredi Massad Boulos, conseiller spécial du président Donald J. Trump pour l’Afrique.
Ce tournant diplomatique intervient dans le cadre du processus de paix initié à Doha et sous médiation qatarie.
Une avancée majeure vers la paix
« Nous saluons la signature du mécanisme d’échange de prisonniers entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et l’AFC/M23, une étape décisive vers la désescalade des hostilités et la promotion de la paix dans l’est de la RDC », a déclaré Massad Boulos.
Il a ajouté que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) jouerait un rôle de facilitateur neutre, chargé de l’identification, de la vérification et de la libération sécurisée des détenus des deux camps.
Par ailleurs, Boulos a souligné l’implication cruciale du Qatar, en collaboration avec le CICR, et a invité les parties à approfondir cette dynamique pour aboutir à un accord de paix global.
Le contexte : Doha, la Déclaration de principes et les mesures de confiance
Depuis juillet 2025, Kinshasa et l’AFC/M23, avec la médiation du Qatar, ont signé à Doha une Déclaration de principes engageant les deux parties à instaurer un cessez-le-feu permanent et à mettre en place des mesures de confiance, dont la libération réciproque de prisonniers.
Dans ce cadre, l’AFC/M23 a soumis une liste de plus de 780 prisonniers à libérer. Les deux parties s’étaient engagées à mettre en œuvre ces mesures de confiance y compris la libération fin juillet, avant le lancement du cycle de négociations formelles au 8 août.
Cependant, ces engagements n’avaient pas été respectés dans les délais. L’échange de prisonniers était resté un point de blocage majeur, retardant la reprise effective des pourparlers.
Les acteurs internationaux à l’œuvre
- Le Qatar : Facilitateur principal du processus de paix de Doha, il a orchestré la Déclaration de principes et assure un suivi étroit.
- Le CICR : Chargé de garantir une gestion neutre et sécurisée des échanges de prisonniers.
- Les États-Unis, via Massad Boulos, intervenant comme médiateur indirect, insistent sur le respect des engagements et sur les conséquences humanitaires des violences continuelles.
Enjeux et défis à l’horizon
Sur le terrain, malgré les engagements formels, les combats entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et l’AFC/M23 continuent dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
Le recours à un mécanisme d’échange de prisonniers instauré pourrait :
- Inspirer confiance entre les parties en phase de négociation ;
- Alléger le climat de méfiance qui nuit à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu durable ;
- Répondre à des urgences humanitaires, liées à la détention de civils sur les deux fronts.
Pour dépasser les obstacles, les médiateurs appellent à :
- la transparence dans la liste des détenus partagée par l’AFC/M23 ;
- un calendrier clair pour la libération réciproque des prisonniers ;
- un renforcement des garanties de sécurité pour éviter des retournements ou des reprisals.
À surveiller
- Début concret des libérations : comment et dans quel laps de temps vont s’effectuer ces échanges ?
- Réaction de la population civile déplacée : espère-t-on que ce geste favorisera le retour des déplacés ?
- Reprise effective des pourparlers : si les engagements de confiance sont respectés, cela pourrait débloquer les négociations pour un accord de paix global.
- Suivi international : rôle des Nations Unies, de l’Union africaine et d’autres acteurs extérieurs dans la consolidation de l’accord.
Si cette signature du mécanisme d’échange de prisonniers est effectivement intervenue, elle représente une avancée diplomatique significative. Mais sa mise en œuvre concrète et son impact réel dépendront de la volonté des parties de respecter les engagements pris, et de la capacité des médiateurs à veiller à leur application sur le terrain.
Patrick Kalume Mwanamulume