À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo, Corneille Nangaa Yobeluo, Coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), a livré un message solennel à la Nation.
Dans ce discours à forte teneur politique, l’ancien président de la CENI devenu opposant armé est revenu sur les défis qui minent la RDC, tout en se positionnant face à l’accord de paix signé récemment à Washington entre Kinshasa et Kigali.
Un regard critique sur 65 ans d’indépendance
Dans sa déclaration, Corneille Nangaa dresse un tableau sombre de la situation du pays, 65 ans après sa libération du joug colonial. Il appelle les Congolais à réfléchir au vrai sens de l’indépendance et à repenser profondément les fondements de l’État.
« Le temps est venu pour une refondation réelle de notre nation, un sursaut collectif pour construire une République stable, souveraine, inclusive et juste », a-t-il déclaré.
Le leader de l’AFC insiste sur la nécessité d’une gouvernance responsable, débarrassée de la corruption, du tribalisme et de l’exclusion.
Réaction à l’accord de paix RDC-Rwanda
À propos de l’accord signé le 27 juin dernier à Washington entre le gouvernement congolais et le Rwanda, Nangaa affirme en prendre acte, tout en soulignant ses limites :
« Cet accord signé entre le régime illégitime de Kinshasa et Kigali constitue un pas, certes limité, mais utile. Nous en prenons acte », a-t-il indiqué.
Cependant, il avertit contre toute tentative de réduire la crise actuelle à un simple différend bilatéral entre deux États.
« Mentir à l’opinion, tant nationale qu’internationale, en affirmant qu’il n’y a pas de crise en RDC et qu’il s’agirait simplement d’un conflit entre Kigali et Kinshasa est une supercherie inacceptable », dénonce-t-il.
Revendications de l’AFC/M23 maintenues
Corneille Nangaa insiste sur le caractère légitime des revendications portées par l’AFC/M23, et appelle à une démarche inclusive impliquant l’ensemble des acteurs congolais pour parvenir à une solution durable à la crise.
Selon lui, les maux du pays ont une racine profonde qu’il faut traiter avec lucidité et courage. Il accuse nommément le président Félix Tshisekedi d’être le « catalyseur principal » de l’instabilité actuelle, l’accusant d’illégitimité, de discours haineux, de tribalisme, de détournements massifs de fonds publics et de dérives autoritaires.
« La volonté du président Tshisekedi de modifier la Constitution à des fins personnelles est une menace grave pour la démocratie », ajoute-t-il.
Une administration parallèle revendiquée
Dans un passage marquant de son discours, Corneille Nangaa affirme que l’AFC/M23 administre désormais plus de 34 000 km² du territoire national, où résident, selon lui, plus de 11 millions de Congolais.
« En cinq mois, nos forces ont rétabli la sécurité, protégé les civils et semé les graines d’un nouvel espoir. Notre lutte n’est ni pour la gloire ni pour le pouvoir, mais pour sortir notre pays du cycle de la misère et de l’arbitraire », a-t-il conclu.
Une déclaration qui divise
Cette sortie du chef de l’AFC/M23 intervient dans un contexte régional très tendu, marqué par des avancées diplomatiques mais aussi de nombreux doutes sur leur mise en œuvre effective. Le message de Corneille Nangaa, mêlant appel à la paix et critiques virulentes contre le régime en place, ne manquera pas de susciter de vives réactions dans la classe politique congolaise et au sein de la communauté internationale.
Xavier Yulu Kasongo