La ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, est entrée ce lundi 8 septembre dans une phase de tension extrême. Une journée « ville morte », décrétée par des mouvements citoyens et la société civile locale, a viré au drame après l’intervention des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Une contestation sanglante
Selon plusieurs sources locales, plus de cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lorsque les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles pour disperser la foule. Les manifestants protestaient contre la nomination du général Olivier Gasita, nouvellement désigné à la tête des opérations militaires dans la région.
Les protestataires accusent cet officier, présenté comme Tutsi par ses détracteurs, d’être en connivence avec la rébellion AFC/M23, soupçonnant qu’il faciliterait une éventuelle prise d’Uvira par ces forces rebelles.
Des slogans hostiles et un climat explosif
Dans les rues, des pancartes et slogans hostiles ont été largement visibles :
- « Gasita, retourne chez toi. Uvira ne veut pas de toi ! »
- « Gasita, si tu n’es pas parti avant 12h… »
- « Gasita, c’est le corona »
Le mot d’ordre dominant restait : « La patrie ou la mort, nous vaincrons ».
Depuis plus d’une semaine, les activités économiques et sociales tournent au ralenti dans la ville. Boutiques fermées, écoles désertes et transport paralysé : Uvira vit au rythme d’une contestation inédite contre l’armée régulière et, indirectement, contre le président Félix Tshisekedi qui a validé cette nomination.
FARDC et société civile en opposition
Alors que la société civile et les milices d’autodéfense dites Wazalendo rejettent catégoriquement le général Gasita, affirmant disposer de preuves de sa trahison, les FARDC continuent de défendre leur officier, le présentant comme « exemplaire » et sans reproche.
Ce bras de fer alimente un climat de peur et d’incertitude dans toute la cité.
Tshisekedi sous pression
La question reste désormais de savoir si le président Félix Tshisekedi, déjà contraint par le passé de reculer sur son projet de révision constitutionnelle en raison de la pression populaire et de la montée en puissance de l’AFC/M23, cédera cette fois à la colère de la population d’Uvira.
Pour l’heure, la situation demeure tendue, et les habitants craignent que la confrontation entre armée et population ne s’aggrave dans les prochains jours.
Muller Mundeke Kalonji