Dans la soirée du mercredi, vers 22 heures, un drone militaire des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) aurait mené une frappe ciblée contre une position stratégique du M23 et de ses alliés dans le territoire de Rutshuru.
La cible : le bâtiment SIKIPE au camp Pena
Selon des sources concordantes, le bombardement a visé un bâtiment connu sous le nom de SIKIPE, situé derrière la station de la RTNC et en face du bureau du CTJ. Cette infrastructure, selon plusieurs habitants, abritait une logistique importante appartenant aux rebelles du M23 et à leurs alliés rwandais présumés.
Peu après la frappe, la panique s’est emparée des environs : les rebelles ont tenté de riposter en utilisant des mortiers de 80 et 120 mm pour atteindre l’appareil congolais. Mais l’un des projectiles est tombé à Kisisile, à quelques kilomètres du site bombardé, causant la destruction de trois habitations. Heureusement, aucune perte en vies humaines n’a été enregistrée.
Version des experts militaires
Un expert militaire contacté par TAZAMA RDC a rejeté les accusations portées par les rebelles, selon lesquelles la destruction des maisons serait due à une bombe larguée par le drone des FARDC.
« Si une bombe de drone avait frappé ces habitations construites en terre battue, elles auraient été totalement rasées. Or, on retrouve encore des toitures intactes sur place, ce qui prouve que l’explosion provenait d’un tir de mortier mal dirigé », a-t-il précisé.
Guerre de communication et propagande
En réaction, les rebelles du M23 et leurs soutiens ont inondé les réseaux sociaux de photos et vidéos des maisons endommagées, accusant Kinshasa d’en être responsable. Du côté congolais, les FARDC n’ont, jusqu’à présent, publié aucun communiqué officiel sur cette opération.
Les observateurs estiment que cette guerre de communication s’inscrit dans une stratégie de propagande : le M23 chercherait à orienter l’opinion nationale et internationale contre les frappes ciblées des FARDC, alors que ces dernières affirment frapper uniquement des positions militaires rebelles.
Des signes d’un impact réel
Outre les témoignages des riverains, un autre indice confirme que la frappe a bien atteint le camp militaire de Pena : les rebelles ont immédiatement bouclé tous les accès menant vers cette base, des routes pourtant fréquentées quotidiennement par les populations civiles des quartiers périphériques. Ce verrouillage brutal des mouvements serait un signe que les dégâts subis par les rebelles sont significatifs.
Contexte sécuritaire
Depuis plusieurs semaines, les FARDC intensifient leurs opérations aériennes dans les territoires de Rutshuru et Masisi, où les rebelles du M23, appuyés selon Kinshasa par l’armée rwandaise, multiplient les attaques contre les positions gouvernementales.
L’utilisation des drones de combat par l’armée congolaise apparaît désormais comme une réponse stratégique face aux moyens militaires sophistiqués de l’adversaire.
Yvan Kambere à Butembo
