La traque officielle des combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) serait lancée ce dimanche dans l’est de la République démocratique du Congo, conformément à l’accord de paix signé à Washington entre Kinshasa et Kigali. Cette opération, qui doit s’étendre jusqu’à fin septembre, suscite toutefois déjà des tensions sur le terrain, notamment avec l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et son allié, le M23.
Un accord tripartite à la mise en œuvre délicate
Selon l’esprit de l’accord de Washington, le gouvernement congolais et les autorités rwandaises doivent entamer une collaboration sécuritaire pour neutraliser les groupes armés, en particulier les FDLR, une milice d’origine rwandaise accusée de déstabiliser la région depuis deux décennies. Ce plan prévoit également la levée progressive des mesures militaires défensives du Rwanda en parallèle de la traque des rebelles.
Un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire (Joint Security Coordination Mechanism – JSCM) a été mis en place pour assurer le partage de renseignements et coordonner les actions entre les forces congolaises (FARDC), les forces rwandaises et les autres groupes impliqués.
L’AFC-M23 refuse toute implication des FARDC dans sa zone
Cependant, dès le lancement de cette opération, l’AFC-M23 a exprimé de fortes réserves. Dans une déclaration diffusée dimanche, le mouvement rebelle affirme qu’aucune force étrangère ni congolaise ne sera autorisée à opérer dans ses zones de contrôle. « Les cellules dormantes des FDLR présentes sur notre territoire seront neutralisées exclusivement par nos propres unités. Il n’est pas question que les FARDC interviennent ici », a déclaré un porte-parole de l’AFC.
Le groupe rebelle accuse par ailleurs Kinshasa de retarder volontairement l’application de l’accord de Washington en ne communiquant pas clairement sur le calendrier opérationnel. Ni Kinshasa ni Kigali n’ont, à ce jour, officiellement annoncé le début effectif des opérations militaires, alimentant ainsi la confusion sur le terrain.
Une mise en œuvre menacée par la méfiance persistante
Cette friction illustre la profonde méfiance entre les acteurs en présence. Alors que Kinshasa compte sur l’alliance avec Kigali pour contenir les groupes armés étrangers dans l’Est, l’AFC-M23 – qui s’est souvent posé en acteur sécuritaire alternatif – semble vouloir garder la mainmise sur toute activité militaire dans ses bastions.
La communauté internationale, en particulier les États-Unis qui ont facilité l’accord de Washington, suit de près cette phase cruciale. Le non-respect du calendrier ou une mauvaise coordination entre les parties pourrait compromettre les avancées diplomatiques obtenues jusqu’ici.
Ilunga Mubidi Oscar