Un tournant décisif semble se profiler dans la quête de paix à l’Est de la République Démocratique du Congo. Le vice-gouverneur du Nord-Kivu, le commissaire divisionnaire Louis Second Karawa, a reçu en audience ce lundi à Beni le coordonnateur intérimaire du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS), Joseph Sukisa Ndajambaje.
Au cœur des échanges : la réinsertion des ex-combattants, notamment ceux issus des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et d’autres groupes armés encore actifs dans la province.
Cette rencontre intervient alors que les efforts diplomatiques se multiplient pour ramener la paix dans la région. Les processus de Doha et de Washington, portés par la communauté internationale, ont récemment franchi un cap, avec des engagements pris par le gouvernement congolais et certains groupes rebelles, dont l’AFC/M23. Dans ce contexte, le retrait progressif des groupes armés étrangers, notamment les FDLR – un mouvement rebelle rwandais présent sur le sol congolais depuis plus de deux décennies – est devenu une priorité absolue.
« L’autorité provinciale m’a écouté et m’a promis son soutien. Nous travaillons déjà sur le retrait des groupes armés, y compris des étrangers comme les FDLR. Tous les mécanismes seront mis en place pour pacifier l’Est de la RDC », a assuré Joseph Sukisa à l’issue de l’audience.
Selon des sources proches du dossier, une cartographie des groupes armés actifs au Nord-Kivu est en cours de finalisation pour permettre une planification ciblée des opérations de désarmement et de réinsertion. Le P-DDRCS prévoit également de lancer des projets pilotes dans les zones les plus affectées, avec l’appui logistique du gouvernement central et de partenaires internationaux.
Le programme de réinsertion ne se limitera pas à la démobilisation. Joseph Sukisa a insisté sur une approche holistique qui inclut l’accompagnement psychosocial, la formation professionnelle, la réouverture des routes de desserte agricole, et surtout, la réconciliation communautaire.
« Nous demandons à tous de déposer les armes. Il est temps de reconstruire notre pays. Le P-DDRCS, c’est entre communautés et avec les communautés. Ensemble, nous pouvons restaurer l’autorité de l’État, mais sans les armes », a-t-il martelé.
Des centres de transit et d’orientation (CTO) devraient être prochainement réactivés ou créés dans plusieurs territoires du Nord-Kivu, notamment à Rutshuru, Masisi et Walikale, en complément de ceux déjà opérationnels à Beni.
Dans les prochaines semaines, le P-DDRCS prévoit également une série de consultations communautaires pour recueillir les attentes des populations locales et prévenir tout rejet des ex-combattants une fois réinsérés dans les villages.
Enfin, plusieurs sources indiquent que des discussions sont en cours pour impliquer la Monusco, dont le mandat court toujours jusqu’à fin 2025, afin de sécuriser les zones de transit et appuyer logistiquement les opérations de retrait volontaire.
Un défi colossal attend encore les autorités, mais les signaux envoyés depuis Beni ce lundi laissent espérer un élan nouveau vers la paix durable au Nord-Kivu.
Muller Mundeke Kalonji