Des affrontements d’une intensité préoccupante se poursuivent depuis trois jours dans les territoires de Masisi, Rutshuru et une partie de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, opposant les rebelles du M23/AFC, appuyés par des unités de l’armée rwandaise, aux combattants Wazalendo affiliés au Nduma Defense of Congo (NDC-Rénové) et à d’autres factions locales, comme les Volontaires pour la Défense du Peuple (VDP).
Ces combats interviennent en pleine période de trêve politique, à peine une semaine après la signature à Doha d’un accord de principes entre le gouvernement congolais et les représentants du mouvement politico-militaire AFC/M23. L’accord visait pourtant à poser les jalons d’un processus de désescalade dans l’Est de la RDC, longtemps meurtri par les conflits armés.
Plusieurs villages en proie aux hostilités
Selon la radio Okapi, dans le territoire de Masisi, les hostilités se sont intensifiées dès l’aube du mardi 22 juillet, selon des notables locaux. Des attaques coordonnées du M23 ont visé des positions stratégiques des Wazalendo dans les groupements Nyamaboko Premier et Mufunyi Kibabi. Les localités touchées incluent Kasenyi, Katobotobo, Karoba, Luke et Bukumbiriri.
Simultanément, dans le territoire de Rutshuru, des combats sont signalés dans le village de Muko, situé dans le groupement Bukombo, au sein de la chefferie de Bwito. Ce secteur est reconnu pour abriter des factions affiliées au Collectif des Mouvements pour le Changement (CMC), souvent opposés à l’expansion du M23.
Bilan humain déjà lourd
D’après des sources locales et des témoignages recueillis sur place par nos confrères, les affrontements ont déjà coûté la vie à au moins huit civils, tandis que sept autres personnes ont été blessées, notamment par tirs croisés et engins explosifs artisanaux à Bukombo Centre, Kazuba et Sisa. Le bilan reste cependant provisoire, les combats se poursuivant dans plusieurs zones reculées difficilement accessibles.
Walikale également touché
Plus à l’ouest, dans le territoire de Walikale, le groupement Kisimba connaît son troisième jour consécutif d’affrontements entre les éléments M23/AFC et les VDP affiliés au NDC. Les localités de Nkobe et Banakindi sont les épicentres de ces affrontements, alimentant une tension grandissante dans cette région frontalière.
Un processus de paix mis à l’épreuve
Ces reprises des hostilités mettent sérieusement en question l’efficacité et la sincérité de l’accord signé à Doha, censé ouvrir la voie à un dialogue inclusif et à un cessez-le-feu durable. Selon plusieurs observateurs et analystes sécuritaires, la poursuite des combats malgré les engagements diplomatiques récents, notamment ceux pris à Doha et Washington, démontre un manque de coordination sur le terrain et une méfiance persistante entre les différents acteurs impliqués dans le conflit.
La société civile et les leaders communautaires du Nord-Kivu appellent à une intervention urgente de la communauté internationale, du Mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE), ainsi qu’une clarification publique du rôle du Rwanda, régulièrement accusé de soutenir les opérations militaires du M23, malgré les démentis de Kigali.
Muller Mundeke Kalonji