Le défenseur des droits humains Jean-Luc MUKANDA tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur les atrocités commises par les rebelles du M23/RDF – alliés à l’AFC de Corneille Nangaa – dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et aux abords de Goma.
Depuis plusieurs mois, les populations civiles vivent sous un régime de peur, marqué par des exécutions sommaires, des tortures, des extorsions et des déplacements massifs.
« Les populations bantoues sont visées dans une stratégie d’extermination silencieuse, pendant que la communauté internationale observe sans réagir avec fermeté », déplore cet activiste.
Les récits des habitants et les rapports de la société civile révèlent l’ampleur des violences :
- Turunga (Nyiragongo, 14 août 2025) – Un père de famille, surpris en train de tailler un arbre dans sa parcelle, a été enlevé par des combattants du M23. Ses proches, contraints de payer une rançon, sont restés sans nouvelles de lui depuis deux semaines.
- L’école dite de Kakoti (Nyiragongo, 05 août 2025) – Une femme enceinte transportée par un motard a été jetée au sol et fouettée publiquement. Le conducteur a subi le même supplice.
- Nyiragongo (17 août 2025) – Un taximan a été battu à mort par des combattants RDF opérant sous la bannière du M23. Les coups reçus au thorax lui ont été fatals.
- Goma en commune de Karisimbi, à Katindo2 (20 août 2025) – Un motard et son client ont été exécutés sans procès pour une simple dispute autour du prix de la course (2 000 FC contre 1 500 FC). Les rebelles ont justifié leur crime par un prétendu « trouble à l’ordre public ».
- Binza (Rutshuru) – Des centaines de civils auraient été massacrés, selon des témoignages et des rapports tels que ceux de Human Rights Watch. Dans cette zone, les habitants se voient interdire l’accès à leurs champs, les récoltes étant confisquées par les rebelles. Toute tentative de cultiver est punie de mort, les victimes étant accusées arbitrairement d’« appartenance aux FDLR ».
Ces exactions s’inscrivent dans une logique d’occupation visant à contrôler la population par la faim et la peur dénonce Jean-Luc Mukanda. Le M23, soutenu militairement par le Rwanda via le RDF, impose son autorité en réduisant au silence toute contestation.
« Le simple fait d’être Hutu congolais devient une condamnation à mort, car on est automatiquement assimilé aux FDLR », témoigne un habitant de Rutshuru.
Jean-Luc Mukanda rappelle que les attaques contre les civils constituent des crimes de guerre au regard du droit international humanitaire. Il interpelle les Nations unies, l’Union africaine et les organisations régionales à agir sans délai, en évoquant notamment :
- La résolution 2773 du Conseil de sécurité, relative à la protection des civils et au retrait des groupes armés ;
- L’accord de paix RDC – États-Unis – Rwanda, qui engage les parties à cesser tout soutien aux groupes armés ;
- La déclaration de principes signée le 19 juillet dernier entre le M23 et le Gouvernement congolais, restée sans effet sur le terrain.
Pendant que des centaines de milliers de déplacés survivent dans des camps surpeuplés à Beni, Butembo, Bunia ou Kinshasa, le M23 poursuit ses crimes dans l’impunité. Ceux qui osent dénoncer ces atrocités s’exposent à des enlèvements, tortures ou exécutions, en particulier dans les zones occupées.
Pour Jean-Luc Mukanda, seule l’application stricte des résolutions et accords déjà adoptés pourrait offrir « un salut au peuple congolais de l’Est », qui endure depuis plusieurs décennies des cycles de guerres et de violences instrumentalisées.
« Chaque jour qui passe sans action ferme de la communauté internationale coûte des vies innocentes », conclut-il.
La rédaction
 
		 
		 
		