La réouverture unilatérale des postes frontaliers de Bunagana et d’Ishasha, entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo, continue de provoquer une onde de choc diplomatique.
Ce samedi 12 juillet, le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Evariste Kakule Somo, a convoqué le consul ougandais et chef du bureau de liaison basé à Beni, Isingoma Isimererwa, pour obtenir des explications officielles sur cette décision jugée « inappropriée et provocatrice » dans le contexte sécuritaire actuel.
Selon les autorités congolaises, cette initiative a été prise sans aucune concertation préalable avec Kinshasa ni avec l’administration provinciale du Nord-Kivu. Une démarche perçue comme un affront à la souveraineté nationale, d’autant plus que le poste frontalier de Bunagana reste sous le contrôle du mouvement rebelle M23, soutenu par l’Alliance Fleuve Congo (AFC), dont la présence est dénoncée depuis des mois par les autorités congolaises.
Lors de cette rencontre tendue, le gouverneur Kakule Somo a exigé des explications claires sur les motivations de cette réouverture et ses implications pour la stabilité régionale. « Il ne s’agit pas seulement d’une question de passage de biens ou de personnes, mais d’un enjeu de souveraineté nationale en pleine période de guerre », a confié un haut responsable sécuritaire ayant requis l’anonymat.
Face à cette pression, le consul ougandais a tenté d’apaiser les tensions. Rejetant les informations relayées sur les réseaux sociaux, Isingoma Isimererwa a appelé à la retenue et à attendre une déclaration officielle de Kampala. « Le gouvernement ougandais ne s’exprime pas à travers les rumeurs ou les réseaux sociaux. Une communication formelle sera rendue publique dans les prochaines heures afin de clarifier notre position », a-t-il déclaré à la presse.
Le diplomate a réitéré la reconnaissance par l’Ouganda des institutions congolaises, tant au niveau national que provincial. « Nous respectons pleinement le gouvernement congolais en place à Kinshasa, ainsi que le gouvernement provincial du Nord-Kivu actuellement basé à Beni. Toute initiative prise en dehors de ce cadre ne reflète pas la position officielle de Kampala », a-t-il ajouté.
Cette affaire continue d’alimenter un vif débat au sein de la population congolaise, déjà éprouvée par l’occupation de Bunagana depuis plus de deux ans par les rebelles du M23. Pour beaucoup, cette réouverture sans coordination avec Kinshasa apparaît comme une légitimation tacite de l’autorité de fait exercée par les rebelles dans cette zone frontalière stratégique.
En attendant une clarification officielle de Kampala, Kinshasa pourrait saisir les canaux diplomatiques et régionaux pour protester contre ce qu’elle considère comme une atteinte grave à sa souveraineté. La tension monte, dans un contexte où toute décision non concertée risque de raviver les braises d’un conflit régional déjà complexe.
Muller Mundeke