En territoire de Masisi (Nord-Kivu), la zone de santé de Kirotshe a réceptionné un nouveau moyen de transport sanitaire offert par Médecins Sans Frontières (MSF). Présenté comme une ambulance médicalisée, le don suscite à la fois des remerciements et de vives interrogations au sein de la communauté locale.
Selon MSF, l’objectif de ce don est de renforcer les capacités de transfert et d’évacuation des malades du centre de santé de Shasha vers l’hôpital général de référence de Kirotshe. Une initiative censée améliorer l’accès aux soins dans cette zone enclavée et aux routes difficiles.
Mais la surprise a été grande lorsqu’il s’est avéré que le véhicule en question n’est autre qu’un tricycle motorisé, communément appelé « trois pneus », aménagé pour transporter des patients. Ces engins, déjà utilisés localement comme taxis de fortune, sont réputés instables et peu adaptés aux terrains accidentés du Masisi.
« À la taille de MSF, c’est une honte et un manque de respect pour les malades. Mais si cela peut quand même sauver des vies, tant mieux », réagit un notable de Shasha.
Un autre habitant confirme la situation : « Ce n’est pas une blague. Cela fait près de quatre mois que ce trois pneus, transformé en ambulance, assure les navettes entre Shasha et Kirotshe pour évacuer des patients. »
Si certains saluent l’ingéniosité et le pragmatisme d’un tel dispositif dans une zone où les routes restent impraticables pour les véhicules classiques, d’autres estiment qu’un tel choix reflète un manque de considération envers les patients, souvent transportés dans des conditions précaires.
Cette polémique relance le débat sur l’accès équitable aux soins de santé dans les zones rurales du Nord-Kivu, où les habitants, malgré la présence d’ONG internationales, continuent de faire face à des défis logistiques majeurs pour bénéficier d’une prise en charge médicale digne.
Muller Mundeke à Beni
