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Guerre en RDC : révélation sur l’augmentation des tombes au cimetière militaire de Kigali, d’où viennent ces corps?

Une analyse publiée par Human Rights Watch (HRW) révèle une augmentation spectaculaire du nombre de sépultures au cimetière militaire de Kanombe, à Kigali, depuis la résurgence du M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Une découverte qui soulève de nouvelles interrogations sur l’implication directe du Rwanda dans ce conflit meurtrier.

Plus de 1.100 nouvelles tombes en trois ans

Grâce à des images satellites haute résolution, HRW a recensé 1.171 nouvelles tombes creusées entre janvier 2022 et juillet 2025, dont 460 au cours des sept derniers mois seulement. Les données montrent un pic alarmant entre décembre 2024 et avril 2025, période marquée par de violents combats autour de Goma et sa prise par le M23 : la moyenne hebdomadaire est alors passée à 22 nouvelles tombes, contre 1,7 avant 2021.

La plupart de ces sépultures se trouvent dans la partie sud du cimetière, où de nouvelles zones ont été défrichées et reliées par des routes récemment construites. Des espaces plus restreints, situés au nord du site, ont également été progressivement remplis.

Des décès liés au front congolais ?

Selon les données onusiennes et des sources militaires citées par HRW, moins de dix soldats rwandais auraient trouvé la mort à l’étranger pendant la même période. Ce contraste alimente les soupçons : une grande partie des corps inhumés pourrait provenir du front congolais, où les RDF (Forces de défense rwandaises) sont accusées par l’ONU de combattre aux côtés du M23, malgré les dénégations répétées de Kigali.

En février 2025, au lendemain de la prise de Goma, de nouvelles zones funéraires ont été identifiées près des casernes militaires et de l’hôpital de Kanombe. HRW rapporte qu’environ 45 nouvelles tombes y étaient déjà visibles début juillet.

Kigali sous pression internationale

Le Guardian avait déjà alerté sur cette hausse soudaine de sépultures dès février 2025, en pleine offensive conjointe M23-RDF. En juin, HRW allait plus loin en qualifiant le Rwanda de « puissance occupante » en RDC au regard du droit international humanitaire, estimant que Kigali porte une responsabilité légale dans les exactions commises par le mouvement rebelle.

Le gouvernement rwandais, de son côté, nie tout soutien militaire direct au M23, évoquant une manipulation politique et médiatique. HRW appelle toutefois Kigali à mettre immédiatement fin à toute forme d’appui au groupe armé, accusé de crimes de guerre dans le Nord-Kivu.

Un signal inquiétant pour la région

Cette révélation intervient alors que les combats continuent de ravager l’Est de la RDC et que les populations civiles paient le prix fort des affrontements. L’augmentation des tombes au cimetière militaire de Kigali ne fait que renforcer les soupçons sur le rôle du Rwanda et relance les débats autour de la responsabilité régionale dans la prolongation du conflit congolais.


Ilunga Mubidi Oscar

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