Un nouvel épisode de tension s’est joué ce lundi dans les hauteurs du territoire de Fizi, au Sud-Kivu, où les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont annoncé avoir abattu un aéronef non identifié dans le ciel de Minembwe.
Selon le porte-parole de l’armée congolaise, le général-major Sylvain Ekenge, l’appareil a été « détecté par les radars militaires » alors qu’il pénétrait « illégalement » l’espace aérien national sans autorisation préalable de survol. L’opération, menée via l’artillerie anti-aérienne, visait à neutraliser une « menace sécuritaire non identifiée ».
Dans un communiqué officiel n°18 daté du 30 juin 2025, l’état-major des FARDC affirme avoir agi « conformément à la législation nationale et au principe de souveraineté », tout en soulignant que des enquêtes sont en cours pour déterminer la provenance exacte et la nature de l’aéronef abattu.
Réplique cinglante de l’AFC-M23
Quelques heures après cette annonce, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), mouvement rebelle qui contrôle plusieurs localités du territoire de Minembwe, a publié une déclaration dans laquelle elle dénonce fermement la frappe des FARDC.
Selon le mouvement, l’avion visé était un appareil civil affrété à des fins strictement humanitaires, destiné à ravitailler en vivres et médicaments les populations enclavées de la région. L’AFC accuse Kinshasa de sabotage humanitaire et de violations répétées du droit international.
« Ce bombardement constitue un crime odieux, prémédité et commis avec une cruauté inqualifiable », affirme le mouvement.
« L’appareil transportait de l’aide humanitaire à destination de Minembwe. En le détruisant, le régime de Kinshasa a sciemment privé des civils sinistrés de produits de première nécessité, perpétuant une crise humanitaire déjà dramatique. »
Le groupe rebelle va plus loin en accusant le gouvernement congolais de mener un plan de nettoyage ethnique contre les Banyamulenge, une communauté tutsi vivant dans les Hauts Plateaux du Sud-Kivu.
« Ce nouvel acte barbare s’inscrit dans une longue série de persécutions ciblées contre nos compatriotes Banyamulenge. Depuis avril 2017, Kinshasa mène une politique d’extermination lente, alimentant une catastrophe humanitaire sans précédent. »
L’AFC/M23 cite également des attaques présumées menées dans d’autres zones du Sud-Kivu et du Nord-Kivu notamment à Kanyola, Kabare, Kigogo, Kadasomwa et Nyabiondo qu’elle attribue à une coalition entre les FARDC, les milices Wazalendo, les rebelles hutus des FDLR et les Forces nationales de défense du Burundi (FNDB).
Du côté du gouvernement congolais, aucune réaction officielle n’a encore été émise quant aux accusations de l’AFC. Des observateurs appellent toutefois à une enquête indépendante pour faire toute la lumière sur cet incident et éviter une détérioration accrue de la situation humanitaire dans la région.
Xavier Yulu Kasongo