Un déploiement militaire d’envergure est en cours dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Plus de 7 000 soldats des FARDC, épaulés par des forces alliées non encore officiellement identifiées, ont été massivement envoyés à Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika. Objectif : rejoindre Uvira, dans le Sud-Kivu, à la frontière avec le Burundi et le Rwanda, d’où une éventuelle contre-offensive militaire pourrait être lancée pour reprendre les villes stratégiques de Bukavu et Goma.
Ce redéploiement inhabituel, depuis le sud du pays et non par les axes traditionnels du Nord-Kivu, semble contourner les zones sous forte influence de la rébellion M23-AFC, et indiquer un changement tactique majeur dans la stratégie militaire congolaise.
Vers une reconquête ?
Selon des sources militaires congolaises citées par RFI et TV5 Monde, ce mouvement s’inscrit dans un plan de reconquête progressive des territoires passés sous contrôle du M23-AFC, que les autorités de Kinshasa accusent d’être soutenu par le Rwanda. Le choix d’Uvira-Fizi comme base logistique témoigne d’une volonté de renverser la dynamique militaire sur les Hauts-Plateaux et l’axe stratégique Bukavu–Goma.
Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la situation reste volatile. Le M23-AFC continue de consolider ses positions dans Rutshuru, Masisi et Sake, selon des rapports concordants. Ses troupes, accusées de bénéficier d’un appui logistique de la part des Forces de Défense du Rwanda (RDF), multiplient les incursions et semblent se préparer à de nouveaux affrontements.
Une coalition militaire en gestation ?
Ce déploiement intervient dans un contexte de restructuration profonde des FARDC, appuyée par des partenaires africains comme l’Angola et l’Afrique du Sud, ainsi que par des conseillers militaires européens dans le cadre de diverses coopérations bilatérales. Des signaux suggèrent une coordination régionale plus poussée, bien que discrète, face à l’enlisement diplomatique.
La tension monte malgré les pourparlers
Le timing de ce déploiement soulève des questions alors que plusieurs initiatives diplomatiques sont en cours. À Doha, les pourparlers entre le gouvernement congolais et les délégués de l’AFC-M23 poursuivent leur cinquième round. Parallèlement, un accord de paix historique a été annoncé à Washington entre Kinshasa et Kigali, en présence du président américain Donald Trump, même si sa mise en œuvre concrète reste floue.
Dans un communiqué, la coalition M23-AFC-RDF a dénoncé le « déploiement massif d’armement lourd par les FARDC » et mis en garde contre un possible embrasement régional, appelant à une médiation urgente pour éviter un nouveau cycle de violences.
Kinshasa veut reprendre la main
Lors d’une récente rencontre avec les gouverneurs, le président Félix Tshisekedi a réaffirmé sa volonté de restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones actuellement sous occupation rebelle. Le déploiement de troupes à Kalemie marque ainsi une démonstration claire d’intention politique et militaire.
Une région à bout de souffle
Alors que les civils continuent de fuir les combats – plus de 2,8 millions de déplacés sont recensés dans le Nord et le Sud-Kivu, selon l’OCHA – l’intensification des opérations militaires fait craindre un alourdissement du bilan humanitaire, si aucune issue politique durable n’est trouvée.
Avec B-One Télévision depuis Kinshasa