Alors que les regards se tournent vers Washington où un accord de paix est sur le point d’être scellé entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous l’égide des États-Unis, les négociations directes entre Kinshasa et la rébellion du M23 à Doha n’ont enregistré aucune avancée notable.
Le sommet de Washington, prévu pour ce jeudi 27 juin, devrait voir la signature d’un accord bilatéral entre Kinshasa et Kigali, avec la médiation active de l’administration américaine.
Cet accord est présenté comme une initiative diplomatique majeure pour désamorcer la crise sécuritaire dans l’Est du Congo, où les forces du M23, soutenues selon plusieurs rapports par le Rwanda, continuent d’occuper plusieurs localités du Nord-Kivu.
Cependant, en parallèle de cette dynamique internationale, les pourparlers directs entre le gouvernement congolais et la coalition M23/AFC (Alliance du Fleuve Congo), qui se sont déroulés à Doha au Qatar, peinent à produire des résultats.
Selon des sources diplomatiques, la délégation de l’AFC/M23 a quitté Doha le 20 juin dernier pour regagner Goma, faute de compromis sur les principales revendications du groupe rebelle, notamment leur intégration dans les institutions de la transition et le retrait des forces armées congolaises (FARDC) de certaines zones contestées.
De son côté, le gouvernement congolais reste ferme : aucune discussion politique avec un groupe considéré comme terroriste tant qu’il n’aura pas déposé les armes et quitté les territoires occupés.
Plusieurs observateurs redoutent un double-jeu dans ces négociations parallèles : « On risque d’avoir un accord de façade à Washington, pendant que les vraies causes du conflit restent non traitées sur le terrain, notamment avec les groupes armés comme le M23 », analyse un chercheur de l’International Crisis Group.
Sur le terrain, les combats se poursuivent sporadiquement dans le Rutshuru et le Masisi, provoquant de nouveaux déplacements de population. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) estime à plus de 350 000 le nombre de déplacés internes depuis début 2025, aggravant une situation déjà critique.
La signature attendue à Washington suscite donc à la fois espoir et scepticisme. Si elle marque une avancée sur le plan diplomatique entre deux États rivaux, l’absence d’un véritable cessez-le-feu sur le terrain et l’exclusion des groupes armés dans les négociations pourraient compromettre la durabilité de la paix.
Patient Simbayo Ilunga