Le gouvernement congolais annonce vouloir enclencher le processus de rapatriement des réfugiés congolais installés depuis plusieurs années au Rwanda. Mais avant tout, il exige de vérifier l’authenticité des chiffres avancés par Kigali et d’établir la véritable identité de ces personnes.
Selon les autorités rwandaises, environ 83 000 Congolais vivraient actuellement sur leur sol, déplacés par les cycles répétés de violences dans l’Est de la RDC. Pourtant, du côté de Kinshasa, seuls 23 000 réfugiés congolais sont officiellement recensés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Lors d’une conférence de presse conjointe mardi à Kinshasa avec Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani, a insisté sur la nécessité de mettre en place des mécanismes clairs de vérification.
« Il avait été fait savoir par la République du Rwanda que séjournent sur son sol 83 000 Congolais. C’est un processus qui exige que nous puissions identifier et certifier ces chiffres, et surtout la nationalité de ces personnes, à travers les différents mécanismes, notamment le comité d’accueil. Ce qui, à ce jour, n’a pas encore été fait », a déclaré Jacquemain Shabani.
Ce dossier sensible fait suite à la réunion tripartite RDC–Rwanda–HCR tenue récemment à Addis-Abeba, en Éthiopie. Les discussions ont porté sur la gestion des réfugiés des deux pays, dans un contexte marqué par les tensions sécuritaires dans l’Est congolais.
Dans ce cadre, une opération de rapatriement de réfugiés a déjà eu lieu : 532 Rwandais ont quitté Goma lundi dernier pour regagner leur pays via le poste frontalier de la Grande Barrière. Cette opération a été supervisée par le HCR, en collaboration avec les autorités du mouvement rebelle AFC/M23, qui contrôle actuellement la ville de Goma depuis fin janvier 2025.
En mai dernier, un autre convoi avait permis le rapatriement de plus de 1 700 réfugiés rwandais vivant en RDC, également sous la coordination du HCR et avec l’appui de l’AFC/M23.
La question des réfugiés reste hautement politique. Du côté congolais, les autorités soupçonnent Kigali d’exagérer le nombre de réfugiés congolais présents au Rwanda, une manœuvre qui pourrait être utilisée à des fins politiques dans le contexte du conflit en cours dans le Nord-Kivu.
Pour Kinshasa, il est donc crucial d’assainir les chiffres et certifier la nationalité des prétendus réfugiés avant tout rapatriement. Une étape indispensable pour éviter d’éventuelles infiltrations ou manipulations dans un climat déjà tendu entre les deux pays.
Pendant ce temps, des milliers de familles congolaises continuent de vivre en exil, souvent depuis plus d’une décennie, dans l’espoir d’un retour sécurisé et durable dans leur pays d’origine.
Muller Mundeke Kalonji
