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Crise en RDC : voici où en est l’accord signé entre Kinshasa et Kigali à Washington, les choses s’accélèrent

Washington/Kinshasa, 29 juillet 2025 —
Un mois après sa signature historique à Washington, l’accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, censé mettre fin à des années de tensions armées à l’Est de la RDC, tarde à produire ses premiers effets concrets. Pourtant, sur le plan diplomatique, les choses semblent s’accélérer.

Paraphé le 27 juin 2025 dans la capitale américaine sous l’égide du secrétaire d’État Marco Rubio, l’accord, selon les sources croisées de RFI, Jeune Afrique et The EastAfrican, vise à jeter les bases d’un nouveau cadre de coopération régionale. Ce processus inédit associe également le Qatar, l’Union africaine, les Nations unies ainsi que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), appelés à jouer un rôle de garants techniques et financiers.

Un contexte sécuritaire toujours tendu à l’Est

Cette initiative diplomatique est intervenue dans un climat explosif : depuis 2022, le Nord-Kivu est en proie à des affrontements meurtriers entre l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23, un groupe que Kinshasa accuse de recevoir un soutien direct du Rwanda — accusation rejetée par Kigali mais confirmée à plusieurs reprises par des rapports d’experts de l’ONU.

L’accord de Washington ne reconnaît pas formellement ce lien, mais impose aux deux parties des engagements stricts, notamment la cessation de tout appui aux groupes armés, la relance de la coopération sécuritaire, et la mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité pour échanger des renseignements et surveiller le terrain.

Une mise en œuvre au ralenti

La première phase opérationnelle, censée débuter 15 jours après la signature de l’accord, reste bloquée. Le lancement du mécanisme conjoint de sécurité, qui devait être effectif au plus tard le 27 juillet, a été repoussé en raison de désaccords logistiques et de retards administratifs. Selon une source diplomatique citée par The EastAfrican, la première réunion technique entre officiers congolais et rwandais a finalement été reprogrammée pour la semaine du 5 août à Goma, sous la supervision de la MONUSCO.

En parallèle, une réunion stratégique du Comité conjoint de surveillance, organe chargé de veiller à l’application de l’accord et de gérer les différends, doit se tenir ce vendredi 2 août à Washington. Y participeront les représentants de Kinshasa, Kigali, des États-Unis, du Qatar, de l’Union africaine et de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs).

Ce comité, prévu par l’article 7 de l’accord, est habilité à examiner les plaintes, arbitrer les violations signalées, et recommander des sanctions diplomatiques ou des actions correctives.

Des attentes fortes, mais un scepticisme persistant

Du côté de la société civile congolaise, les réactions restent partagées. Si certains saluent une avancée diplomatique majeure, d’autres dénoncent une opacité du processus et redoutent un énième accord sans effet sur le terrain, comme ce fut le cas avec les feuilletons de Nairobi et de Luanda.

Les déplacés internes, qui dépassent aujourd’hui les 7 millions selon l’OCHA, attendent des résultats tangibles : retour à la paix, sécurisation des zones rouges, démantèlement des groupes armés et retour volontaire dans leurs localités.

Vers un sommet présidentiel Tshisekedi-Kagame ?

Selon des sources proches du département d’État américain, une rencontre bilatérale entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame pourrait intervenir d’ici la fin août à New York, en marge d’un mini-sommet de l’ONU sur la sécurité dans la région des Grands Lacs. Ce face-à-face, très attendu, serait le premier depuis plus de trois ans.


À suivre donc : la réunion du comité de suivi, le déploiement du mécanisme conjoint sur le terrain, et un éventuel sommet présidentiel. Les prochains jours seront décisifs pour juger si cet accord de Washington marque enfin un tournant durable dans la crise congolo-rwandaise.

Muller Mundeke Kalonji

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