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Crise en RDC : voici où en sont les pourparlers de Doha entre Kinshasa et AFC-M23 et de Washington avec Kigali ?

I. Contexte général

Depuis début 2025, deux initiatives diplomatiques majeures tentent de ramener la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) :

  1. L’Accord de Washington (27 juin 2025) : négocié sous l’égide des États-Unis, signé entre la RDC et le Rwanda, cet accord vise à mettre fin à l’ingérence militaire de Kigali, notamment par le retrait des troupes rwandaises, tout en s’attaquant à la question des groupes armés non étatiques comme le M23 et les FDLR.
  2. Le processus de Doha : conduit par le Qatar, ce deuxième volet engage directement le gouvernement congolais et les rébellions (AFC/M23) pour régler les dimensions internes du conflit : cessez-le-feu, désarmement, réintégration et restauration de l’autorité de l’État.

II. L’Accord de Washington : avancées et limites

  • Signé le 27 juin 2025, l’Accord de Washington prévoit :
    • Le retrait des troupes rwandaises de l’Est de la RDC sous 90 jours.
    • La cessation du soutien aux groupes armés par Kigali et Kinshasa.
    • Un cadre de coopération régionale incluant les États-Unis pour stimuler investissements et sécurité.
  • Limites :
    • Le groupe M23 n’était pas signataire de cet accord, ce qui affaiblit sa portée.
    • La mise en œuvre concrète, en particulier le retrait des troupes rwandaises, manque de certitudes ou de mécanismes de vérification indépendants.

III. Le processus de Doha : principes établis, mais blocages persistants

  1. Déclaration de principes (19 juillet 2025)
    Kinshasa et l’AFC/M23 ont signé à Doha un accord préliminaire s’engageant notamment à :
    • un cessez-le-feu permanent ;
    • des mesures de confiance (libération des prisonniers, échange de détenus) ;
    • la restauration de l’autorité de l’État dans les zones contrôlées par le M23.
  2. Calendrier prévu — et réalité
    • Des pourparlers formels devaient démarrer le 8 août et un accord final était attendu pour le 18 août, mais ces délais n’ont pas été respectés.
    • Le Qatar a mis à disposition un projet d’accord, mais celui-ci reste en discussion.
  3. Blocages principaux
    • La définition de la “restauration de l’autorité de l’État” reste controversée :
      • Le gouvernement congolais souhaite le retrait pur et simple du M23 des territoires occupés, avec retour des institutions officielles.
      • Le M23 propose une vision plus floue, sans retrait immédiat, privilégiant des mécanismes d’autonomisation de l’État dans les zones qu’il contrôle.
    • La libération des prisonniers reste un point épineux :
      • Le M23 exige la remise immédiate de ses membres détenus à Goma, condition pour avancer.
      • Kinshasa maintient qu’elle accordera des libérations de manière progressive, dans le cadre global d’un accord final.
  4. Violences persistantes sur le terrain
    • Malgré un cessez-le-feu, les affrontements continuent dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Le M23 contrôle plusieurs grandes villes, dont Goma et Bukavu, et continue d’étendre son influence.

IV. Confrontation des discours et tensions politiques

  • Kinshasa accuse le Rwanda d’entraver résolument le processus et de ne pas vouloir la paix, allant jusqu’à instaurer un État parallèle via le M23.
  • Le M23, à travers son chef Bertrand Bisimwa, affirme que la déclaration de principes n’implique pas un retrait, mais des mécanismes pour restaurer l’État. Il reconnaît toutefois des blocages dans le processus.
  • Les médiateurs (Qatar, États-Unis) insistent sur la nécessité d’un engagement sincère pour surmonter les obstacles et finaliser un accord de paix.

V. Conclusion : état des lieux et perspectives

Processus Avancées clés Obstacles majeurs Accord de Washington Signé entre la RDC et le Rwanda ; retrait des troupes rwandaises prévu M23 exclu ; mise en œuvre incertaine sur le terrain Processus de Doha Déclaration de principes ; projet de paix partagé par le Qatar Interprétations divergentes ; absence de respect des délais ; violences continues

Points à surveiller :

  • Mise en œuvre effective du retrait des troupes rwandaises.
  • Progrès réels dans les dialogues de Doha : levée des blocages, libération des détenus, surveillance du cessez-le-feu.
  • Impacts sur le terrain : réduction de la violence, rétablissement des institutions de l’État.
  • Capacité des médiateurs internationaux à maintenir la pression diplomatique et à créer des mécanismes crédibles de vérification.

En résumé, Washington a produit une première étape diplomatique importante, mais le volet de Doha avec l’AFC/M23  peine à transformer les engagements en actes concrets. L’avenir du processus dépend désormais de la bonne volonté de toutes les parties, ainsi que du soutien scrupuleux de la communauté internationale pour que les promesses deviennent réalité.

Preuve de l’impasse, les combats ont reprise dans plusieurs agglomérations du Nord et Sud-Kivu. Récemment, le gher


Muller Mundeke Kalonji

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