Le processus de paix de Doha, présenté en juillet comme une lueur d’espoir pour mettre fin à l’insécurité persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo, est aujourd’hui dans l’impasse. Prévu pour s’ouvrir officiellement le 8 août 2025, le dialogue direct entre le gouvernement congolais et l’Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23) n’a pas eu lieu.
Un accord historique… sur le papier
Le 19 juillet 2025, les deux parties avaient signé à Doha une déclaration de principes sous la médiation du Qatar. Le texte prévoyait notamment :
- Un cessez-le-feu permanent ;
- La fin des attaques et des discours haineux ;
- La libération de prisonniers via le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ;
- Le retour des personnes déplacées ;
- La mise en place d’un mécanisme de supervision ;
- L’ouverture de négociations directes au plus tard le 8 août, avec pour objectif un accord de paix global avant le 18 août 2025.
Des divergences majeures dès la mise en œuvre
La phase préliminaire, censée instaurer des mesures de confiance, n’a pas été respectée. La libération de prisonniers et le respect strict du cessez-le-feu n’ont pas été pleinement appliqués.
Au cœur des tensions : le retrait du M23 des zones qu’il contrôle. Kinshasa en a fait une condition incontournable, tandis que l’AFC/M23, par la voix de Benjamin Mbonimpa, rejette cette exigence :
« Nulle part dans la déclaration il n’est dit que l’AFC/M23 devait se retirer. Nous restons là où nous sommes. »
Le mouvement rebelle a en outre posé ses propres conditions, dont la reconnaissance officielle du processus de Doha, la levée des mandats d’arrêt contre ses membres, la réouverture des banques dans les zones sous son contrôle et la fin de toute stigmatisation envers les rwandophones.
Une invitation qui n’est jamais arrivée
Selon l’AFC/M23, aucune invitation officielle de la médiation qatarie n’a été reçue, justifiant son absence à Doha le 8 août. Le gouvernement congolais, de son côté, réaffirme sa volonté de poursuivre le dialogue, mais insiste sur un cadre clair et le respect des engagements préalables.
Un terrain toujours meurtri par les violences
Pendant que les négociations piétinent, les violences se poursuivent. Les Nations unies accusent le M23 d’avoir tué plus de 300 civils entre juin et juillet 2025 dans le Nord-Kivu, et de recruter de force des enfants. Début août, les autorités congolaises ont signalé au moins 80 morts dans de nouvelles attaques au Sud-Kivu.
Un processus fragilisé
L’écart entre les engagements pris à Doha et la réalité sur le terrain met sérieusement en danger l’objectif initial : parvenir à un accord de paix global d’ici mi-août.
Alors que la communauté internationale suit de près les évolutions, la persistance des combats et des désaccords majeurs laisse planer le doute sur l’avenir de ce processus.
Muller Mundeke à Beni