Kigali, 8 juillet 2025 – Le gouvernement rwandais tire la sonnette d’alarme. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, Kigali s’inquiète de la forte militarisation de la République démocratique du Congo (RDC), et ce malgré la signature récente d’un accord de paix censé ouvrir la voie à une désescalade dans la région des Grands Lacs.
Une militarisation jugée excessive
Selon Kigali, Kinshasa multiplie les manœuvres militaires et renforce de manière préoccupante ses capacités offensives, en particulier dans l’Est du pays. Le Rwanda dénonce notamment le recours à des mercenaires étrangers, dont un contingent colombien récemment déployé, ainsi que l’utilisation de drones armés, d’avions de chasse dernier cri et de systèmes de surveillance sophistiqués.
Ces équipements seraient déployés avec l’appui de sociétés militaires privées étrangères, notamment une entreprise américaine spécialisée dans les opérations de sécurité et de combat.
Le spectre des mercenaires
Face à l’enlisement du conflit avec les rebelles du M23, les autorités congolaises auraient fait appel à plusieurs centaines d’experts militaires étrangers. Parmi eux, des mercenaires colombiens, anciens soldats d’élite, auraient été mobilisés pour des missions de reconnaissance, de soutien aérien et de combat rapproché dans les zones sensibles du Nord-Kivu.
Par ailleurs, environ 120 techniciens étrangers assureraient aujourd’hui la maintenance et le pilotage de drones de guerre utilisés dans des zones frontalières, où les combats sont intenses.
Des drones et des avions de chasse en renfort
En parallèle, la RDC a renforcé ses capacités aériennes avec l’arrivée de drones armés, de type tactique, ainsi que d’avions de chasse modernes. Certains de ces appareils seraient pilotés ou entretenus par du personnel non-congolais, engagé par le biais de contrats confidentiels.
Kigali considère cette montée en puissance comme une menace directe à la stabilité régionale et dénonce une militarisation « hors normes » de son voisin congolais.
Un accord de paix menacé
Ce regain de tension intervient pourtant quelques jours après la signature d’un accord de paix entre les deux pays. Ce texte, conclu sous médiation internationale, prévoit notamment le retrait progressif des troupes étrangères, la fin du soutien à tout groupe armé actif dans la région, et l’ouverture d’un dialogue politique élargi.
Mais selon Kigali, le comportement de Kinshasa contredit l’esprit de cet accord, en poursuivant l’achat massif d’armes et l’importation de personnel militaire étranger.
La communauté internationale en alerte
Alors que l’accord de paix est encore fragile, plusieurs voix s’élèvent déjà pour demander un suivi rigoureux de sa mise en œuvre. Les observateurs redoutent qu’une nouvelle spirale d’escalade militaire compromette les espoirs de stabilité dans la région des Grands Lacs, déjà marquée par des décennies de conflits.
Enjeux à venir
Les 90 prochains jours, prévus pour évaluer le respect des engagements des deux parties, seront décisifs. La RDC est appelée à plus de transparence dans ses alliances militaires et dans l’usage de sa force, tandis que le Rwanda est attendu sur la question du désengagement et du non-soutien aux groupes armés comme le M23.
Alors que l’accord de paix avait suscité un espoir de décrispation, les accusations de surmilitarisation portées par Kigali risquent d’embraser à nouveau un climat déjà tendu. Si la diplomatie ne reprend pas rapidement le dessus, la région pourrait replonger dans un cycle de méfiance et de confrontation militaire prolongée.
Patrick Kalume