Sécurité

Crise en RDC : voici la dernière évolution des pourparlers de Doha entre Kinshasa et AFC-M23

Le ballet diplomatique autour du conflit à l’Est de la RDC connaît un nouveau rebondissement. À peine annoncé à Doha pour un round jugé “décisif” des négociations entre la RDC, le Rwanda et la rébellion du M23, le Vice-Premier ministre congolais en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, est déjà rentré à Kinshasa. Ce retour éclair, moins de 48 heures après son arrivée annoncée, alimente un climat d’incertitude grandissant.

Retour précipité et flou diplomatique

Alors que plusieurs sources officielles annonçaient une intensification du dialogue diplomatique sous la médiation conjointe du Qatar, des États-Unis et de l’Union africaine, la présence de Shabani à Kinshasa interroge. Était-ce un départ stratégique, un retrait lié à des divergences internes, ou un signe de blocage diplomatique ? Aucune communication officielle n’a encore été faite, laissant place à la spéculation.

Le journaliste Byobe Malenga a résumé l’ambiance sur les réseaux sociaux : « Doha… ça s’annonce mal ». En effet, les commentaires en ligne s’enflamment, entre soupçons de désaccord au sein de la délégation congolaise et doutes sur la sincérité des négociations.

Des positions irréconciliables

Sur le fond, les discussions butent toujours sur les exigences diamétralement opposées des parties. Le M23, soutenu de manière présumée par Kigali, exige notamment :

  • La libération de ses cadres,
  • L’annulation des poursuites judiciaires contre ses membres,
  • Un accord bilatéral de cessez-le-feu,
  • Et la fin des discours de haine.

Kinshasa, quant à elle, reste intransigeante : elle réclame un cessez-le-feu immédiat, sans conditions, et un retrait total du M23 des zones qu’il occupe encore dans le Nord-Kivu, en particulier autour de Goma.

Cette divergence rend toute percée diplomatique immédiate peu probable.

Tensions persistantes sur le terrain

Pendant que les diplomates échangent dans les salons feutrés de Doha, les armes continuent de parler dans l’Est de la RDC. Malgré les engagements de trêve pris lors des précédents cycles, les affrontements se poursuivent. Kinshasa accuse le M23 d’avoir récemment renforcé ses positions militaires dans la région d’Uvira, relançant la thèse d’un double jeu de la rébellion.

Toutes les parties semblent se préparer à un nouveau cycle de violence, alors que les populations civiles paient déjà un lourd tribut.

Le rôle incertain de Kigali et la pression internationale

L’accord signé à Washington fin juin sous l’égide des États-Unis prévoyait un retrait des troupes rwandaises de la RDC sous 90 jours. Mais sur le terrain, ce retrait reste invisible, et Kigali continue de nier toute implication directe, malgré les accusations répétées de Kinshasa sur un soutien militaire et logistique au M23.

Washington, principal acteur de la médiation, peine à contenir l’impasse, alors que l’Union africaine et le Qatar semblent dépassés par l’ampleur du désaccord.

Une société civile tenue à l’écart

Enfin, la société civile congolaise s’indigne du manque de transparence qui entoure le processus de Doha. Aucun communiqué clair sur l’évolution des négociations n’est publié, alimentant la confusion au sein de l’opinion publique. Pendant ce temps, les déplacés internes se comptent par centaines de milliers et la situation humanitaire s’aggrave.


Le retour précipité du VPM Jacquemain Shabani à Kinshasa symbolise peut-être un tournant — ou un blocage — dans le processus de paix. Alors que le monde observe avec espoir ou scepticisme, les Congolais de l’Est, eux, attendent toujours des actes concrets pour sortir de l’interminable spirale de la guerre.


Ilunga Mubidi Oscar

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *