Le 16 août 2025, la République démocratique du Congo (RDC) a sévèrement réagi à la décision du président kényan William Ruto de nommer Judy Kiaria Nkumiri comme consul général à Goma, une ville toujours sous le contrôle du groupe rebelle M23/AFC, théâtre de graves violations des droits humains.
Une annonce jugée « inappropriée »
Dans un communiqué officiel publié le 16 août, Kinshasa rappelle, conformément à la Convention de Vienne sur les relations consulaires (1963), que toute nomination de consul doit faire l’objet d’un accord formel du pays hôte et d’une délivrance d’exequatur par le ministère des Affaires étrangères congolais.
Toute annonce unilatérale, en particulier dans une zone encore occupée par un mouvement considéré comme illégal par Kinshasa, est qualifiée de « particulièrement inappropriée », susceptible de conférer une légitimité à l’occupation.
Une souveraineté violée selon Kinshasa
Le communiqué souligne que la ville de Goma reste sous occupation illégale du M23, soutenu par le Rwanda, et rappelle les nombreuses violations des droits des civils documentées par l’ONU.
Kinshasa appelle à la « prudence » des partenaires régionaux et exhorte Nairobi à discuter de toute démarche par le canal diplomatique approprié, dans le respect du principe de réciprocité et de courtoisie.
Une condamnation franche dans l’opinion publique congolaise
Thierry Monsenepwo, communicateur de l’Union sacrée, a condamné cette nomination comme « un acte hostile et inacceptable », parlant d’« atteinte à la souveraineté nationale » et d’une violation flagrante du droit international.
De leur côté, plusieurs éditoriaux dénoncent ce geste comme révélateur de mauvaises intentions de Nairobi. Certains y voient un soutien implicite à la balkanisation de la RDC et la reconnaissance de fait des autorités illégitimes en place à Goma.
Un contexte sécuritaire et diplomatique explosif
- Depuis janvier 2025, le M23 a pris le contrôle de Goma lors d’une offensive éclair, déclenchant une crise humanitaire grave et le déplacement de centaines de milliers de civils.
- En janvier, des manifestations violentes ont eu lieu à Kinshasa, ciblant plusieurs ambassades – dont celles du Kenya – perçues comme complaisantes face à l’avancée militaire du M23.
- Par ailleurs, l’accord de paix signé à Washington le 27 juin 2025 entre la RDC et le Rwanda prévoit notamment un retrait des troupes rwandaises dans les 90 jours. Le M23, quant à lui, n’y est pas partie prenante et continue à mener des négociations séparées avec Kinshasa.
La nomination d’un consul kényan à Goma, sous occupation rebelle, est perçue à Kinshasa comme une violation grave du droit international et un défi à sa souveraineté. Bien au-delà d’un simple incident diplomatique, cet acte s’inscrit dans un contexte de tensions régionales, de crise humanitaire majeure et de défiance grandissante envers les mécanismes de médiation existants.
Kinshasa attend des relais diplomatiques clairs, un retour à la prudence et un rétablissement du dialogue structuré, en priorité via les canaux appropriés.
Muller Mundeke Kalonji