Une étape décisive vient d’être franchie dans le processus de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. L’accord de paix global signé le 27 juin dernier à Washington, sous la médiation des États-Unis, vient d’être officiellement ratifié par le Parlement rwandais, marquant un tournant historique dans les relations entre les deux pays.
Selon un communiqué publié ce mardi sur le compte X officiel du Parlement rwandais, l’ensemble des députés ont voté à l’unanimité en faveur du projet de loi portant ratification de cet accord bilatéral. Cette adoption intervient après la présentation du texte par le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, qui a défendu devant la plénière les bénéfices stratégiques et diplomatiques d’une normalisation durable avec Kinshasa.
« Cet accord est une opportunité pour nos deux peuples de tourner la page des tensions et de bâtir un partenariat responsable fondé sur le respect mutuel, la non-ingérence et la coopération régionale », a déclaré M. Nduhungirehe devant les parlementaires.
La séance plénière de la Chambre des députés, tenue à 15h heure locale, a validé sans réserve le projet de loi. Le texte ratifié prévoit, entre autres, l’engagement mutuel à cesser tout soutien direct ou indirect aux groupes armés, la réactivation de mécanismes conjoints de surveillance frontalière, ainsi que le lancement d’un programme de rapatriement encadré pour les réfugiés congolais et rwandais.
La ratification rwandaise fait suite à l’approbation du projet par le Conseil des ministres de Kigali le 16 juillet. À Kinshasa, bien que le Parlement congolais n’ait pas encore officialisé le vote du texte, des sources proches de la Présidence affirment que le processus est en bonne voie, le document ayant déjà été transmis à la Commission des Relations extérieures de l’Assemblée nationale.
Cette dynamique diplomatique intervient dans un contexte de grande tension à l’est de la RDC, où les affrontements entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23, soutenus selon Kinshasa par Kigali, continuent de faire des victimes et d’alimenter l’instabilité. C’est dans ce cadre que les États-Unis, sous l’impulsion du président Donald Trump — revenu à la Maison Blanche depuis janvier 2025 —, ont multiplié les initiatives pour rapprocher les deux voisins ennemis.
Depuis l’Écosse où il séjourne, le président Trump a salué, la ratification rwandaise et annoncé la convocation imminente d’un sommet de haut niveau à New York entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Cette rencontre vise à finaliser le calendrier d’application de l’accord et à mettre en place un comité de suivi international, avec la participation de l’Union africaine, de la CIRGL et des Nations unies.
De nombreux analystes restent toutefois prudents. « Il faut saluer le geste, mais la véritable épreuve sera celle de l’application sur le terrain, notamment dans le Nord-Kivu », avertit une source diplomatique africaine à Bruxelles.
La balle est désormais dans le camp de Kinshasa, qui doit à son tour entériner l’accord et poser les jalons d’une désescalade progressive. Pendant ce temps, la population civile, épuisée par des décennies de guerre, attend plus que des signatures : elle réclame enfin la paix.
Muller Mundeke Kalonji