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Crise en RDC : le Rwanda se dit prêt à former les FARDC, voici les mots clairs du général James Kabarebe

Dans une déclaration qui fait déjà couler beaucoup d’encre à travers la région des Grands Lacs, le général rwandais James Kabarebe, actuel ministre d’État en charge de la Coopération régionale, a affirmé que le Rwanda est prêt à accompagner la République Démocratique du Congo dans la réforme et la structuration de ses forces armées, si Kinshasa en manifeste la volonté.

Cette sortie intervient dans un contexte où les deux Etats se sont engagés à aller vers la voie de la paix à l’issue de l’accord signé à Washington avec Kinshasa.

Une offre inattendue, mais pas inédite

« Le Rwanda, en tant que pays voisin directement concerné par les effets de cette insécurité, est prêt à accompagner la RDC, si elle le souhaite, dans la réorganisation et la structuration de ses forces armées », a déclaré James Kabarebe dans une interview accordée à la presse ce 23 juillet.

Faisant référence à l’histoire récente, le général rwandais a rappelé qu’il avait lui-même dirigé l’état-major des ex-Forces armées congolaises (FAC) à la demande du président Laurent-Désiré Kabila en 1997, juste après la chute du régime Mobutu. Un épisode encore sensible dans la mémoire collective congolaise, que Kabarebe semble vouloir relire sous l’angle de la coopération stratégique.

« Ce ne serait pas une première. J’étais déjà à ce poste à un moment où la RDC sortait d’un chaos structurel. Aujourd’hui, il ne s’agit pas d’imposer quoi que ce soit, mais d’apporter une expertise dans un esprit de respect mutuel », a-t-il insisté.

Un message à double lecture

L’appel de Kabarebe, formulé au moment où des pourparlers de désescalade sont en cours — notamment à Doha sous médiation qatarie, et à Washington sous facilitation américaine — pourrait être interprété comme un geste diplomatique. Toutefois, plusieurs analystes congolais y voient une tentative de repositionnement politique du Rwanda, dans une région où les tensions ethniques, géopolitiques et militaires se superposent.

« Ce type de discours ne peut pas être entendu en RDC sans une profonde méfiance. Comment un pays accusé de soutenir une rébellion active pourrait-il en même temps proposer d’aider à reconstruire l’armée nationale ? », questionne un expert

Silence de Kinshasa

Du côté des autorités congolaises, aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée. Mais plusieurs sources proches du ministère de la Défense estiment que l’offre rwandaise est prématurée, voire provocatrice, tant que les hostilités se poursuivent dans le Nord-Kivu et l’Ituri.

Il convient de rappeler que le gouvernement congolais a récemment rompu tout contact militaire avec Kigali, privilégiant des partenariats sécuritaires avec des pays comme l’Angola, le Burundi et l’Afrique du Sud, dans le cadre de la SADC.

Une sortie stratégique pour Kigali ?

Pour certains observateurs, cette sortie médiatique de James Kabarebe s’inscrit dans une stratégie plus large du Rwanda visant à regagner du crédit sur la scène diplomatique régionale, alors que son rôle dans le conflit congolais est de plus en plus dénoncé à l’international. Le récent rapport du Groupe d’experts de l’ONU publié en juin 2025 affirme une nouvelle fois que le Rwanda fournit un appui logistique, militaire et technique au M23, ce que Kigali continue de contester vigoureusement.

Un appel à la coopération ou un message codé ?

En filigrane, cette main tendue pourrait aussi viser à tester la posture diplomatique du gouvernement Tshisekedi dans la foulée des accords signés à Doha et Washington, censés marquer un tournant vers une désescalade régionale. Mais à quelles conditions la RDC pourrait-elle accepter l’aide militaire d’un pays qu’elle accuse de violer sa souveraineté ?

Pour l’heure, l’opinion publique congolaise reste largement hostile à toute implication rwandaise dans les affaires militaires du pays, même sous couvert de coopération. Le souvenir des guerres du Congo, des rébellions par procuration et des tensions frontalières reste trop vif.

Un débat national risque de s’ouvrir. Mais la question est simple : Coopérer avec Kigali pour réformer les FARDC… ou refuser toute main tendue tant que les armes n’ont pas été déposées ?


Ilunga Mubidi Oscar

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