La rébellion de l’AFC-M23 affirme avoir conclu un accord avec le gouvernement congolais en vue d’un retrait de 5 kilomètres de part et d’autre sur toutes les lignes de front dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. L’objectif affiché serait de créer une zone tampon de 10 kilomètres de large, destinée à accueillir une force neutre d’interposition.
Cette annonce a été faite mardi 5 août 2025 par le porte-parole militaire du mouvement rebelle, Willy Ngoma, lors d’une séance publique de sensibilisation de jeunes dans la ville de Goma.
« Nous nous sommes entendus avec le gouvernement à Doha : il recule de 5 kilomètres et nous également de 5 kilomètres. Ce n’est pas une question de quitter les villes ou les cités, mais de créer une zone neutre de 10 km de large sur les lignes de front pour qu’une force d’interposition y soit déployée. Il n’est donc pas question de quitter Goma ou Bukavu », a-t-il déclaré.
Un accord de principe toujours flou
L’accord évoqué aurait été discuté à Doha, au Qatar, dans le cadre des pourparlers sous la médiation de plusieurs partenaires internationaux dont le Qatar et les USA. Aucune communication officielle n’a été faite par Kinshasa pour confirmer ce retrait coordonné, alimentant ainsi les doutes sur l’application concrète de ces engagements.
Selon plusieurs sources diplomatiques, cet accord de retrait s’inscrirait dans le cadre d’une feuille de route plus large prévoyant un cessez-le-feu progressif, la libération de prisonniers, le désengagement militaire, et le déploiement d’une force neutre, potentiellement composée de troupes de la SADC ou de la force est-africaine (EAC), bien que leur mandat soit actuellement en rediscussion.
Une mise en œuvre incertaine sur le terrain
Malgré ces déclarations d’apaisement, la situation sécuritaire sur le terrain reste extrêmement préoccupante. Des affrontements sporadiques ont été signalés ces derniers jours entre les forces de l’AFC-M23 et les milices d’autodéfense Wazalendo, notamment dans les territoires de Masisi et Rutshuru au Nord-Kivu, ainsi que dans les Hauts Plateaux d’Uvira au Sud-Kivu.
Le porte-parole de l’AFC-M23 a par ailleurs accusé les autorités congolaises de ne pas faire preuve de bonne foi, en maintenant une rhétorique guerrière tout en ignorant les gestes d’ouverture du mouvement rebelle, comme la libération de plusieurs prisonniers dans certaines zones sous leur contrôle.
Une tension persistante entre parole et réalité
Alors que la population civile espère une désescalade, les mouvements militaires de part et d’autre nourrissent le scepticisme. Plusieurs acteurs de la société civile du Nord-Kivu estiment que les annonces de retrait ne sont, pour l’instant, que des effets d’annonce sans impact tangible.
Le retrait annoncé par l’AFC-M23 pourrait représenter un pas vers l’apaisement s’il est mis en œuvre de manière transparente et suivie par des mécanismes de vérification indépendants. Toutefois, en l’absence d’un engagement clair de Kinshasa et d’un cessez-le-feu effectif sur le terrain, les perspectives de paix demeurent incertaines dans l’est de la République démocratique du Congo.
Muller Mundeke Kalonji