Alors que la cinquième session des négociations entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle AFC-M23 se profile à Doha, Kinshasa change de stratégie.
Sous pression croissante des partenaires internationaux, notamment de Washington, la capitale congolaise aurait envoyé une délégation plus expérimentée et politiquement influente pour tenter de débloquer un processus jusqu’ici marqué par des blocages répétés.
L’annonce intervient après que le négociateur en chef de l’AFC-M23, Benjamin Mbonimpa, a exprimé publiquement, depuis Goma, ses réserves quant à la qualité de la délégation congolaise précédemment engagée dans les discussions. Dirigée par Papy Mbuyi, Directeur Général Adjoint de la Direction Générale des Migrations (DGM), cette équipe avait été jugée « insuffisamment représentative » pour engager des compromis crédibles.
Face à cette critique et sous l’impulsion d’une médiation internationale active, Kinshasa aurait revu sa copie. Lors d’un récent entretien accordé à France 24, l’émissaire Massad Boulos a confirmé que la République démocratique du Congo enverrait une délégation de haut niveau pour les prochaines discussions à Doha.
Selon des sources proches du dossier, la nouvelle équipe serait pilotée par le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani. Il serait accompagné de François Mwamba, représentant de la Veille Présidentielle, ainsi que des ministres Julien Paluku et Muhindo Nzangi, rejoints par plusieurs hauts responsables sécuritaires. Toutefois, jusqu’à présent, aucune source officielle qui confirme cette composition.
La relance de ces pourparlers intervient dans un contexte de forte pression diplomatique. Washington, principal acteur de la médiation, pousse pour un accord à Doha avant toute rencontre tripartite annoncée entre l’ancien président américain Donald Trump, le président rwandais Paul Kagame et le président congolais Félix Tshisekedi.
Un accord est-il enfin possible ?
Si la nouvelle configuration de la délégation congolaise semble répondre à une exigence de sérieux posée par l’AFC-M23, les obstacles restent nombreux. Parmi eux figurent les huit préalables posés par le mouvement rebelle, dont plusieurs demeurent sensibles pour Kinshasa. Néanmoins, l’implication directe de figures politiques de premier plan pourrait constituer un signal fort d’ouverture et de volonté de compromis.
Le sort du processus de paix dans l’Est de la RDC reste suspendu à l’issue de cette session décisive. Pour beaucoup, c’est l’une des dernières chances de désamorcer une crise sécuritaire qui menace la stabilité de la région.
Ilunga Mubidi Oscar