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Crise en RDC : Kagame et Tshisekedi face-à-face lors d’un sommet régional inédit

Dans un climat diplomatique électrique, les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) se sont retrouvés ce mercredi pour un échange direct attendu depuis des mois.

Cette rencontre, organisée par visioconférence, s’inscrit dans le cadre d’un sommet extraordinaire conjoint entre la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), entièrement consacré à la situation explosive dans l’Est de la RDC.

Il s’agit d’un événement sans précédent : pour la première fois, les deux principales organisations régionales coordonnent officiellement leurs efforts sur ce dossier ultra-sensible. Les discussions interviennent alors que les tensions diplomatiques et militaires entre Kinshasa et Kigali atteignent un nouveau pic, sur fond de combats intenses contre la rébellion du M23, que la RDC accuse d’être soutenue par le Rwanda — une accusation que Kigali rejette catégoriquement.

Sous la houlette des secrétariats généraux de la CAE et de la SADC, les échanges ont porté sur des mesures de désescalade et une meilleure synchronisation des forces régionales présentes sur le terrain. Actuellement, l’Est congolais est le théâtre d’une mosaïque d’opérations militaires — mission de la SADC, contingents résiduels de la CAE et initiatives bilatérales — souvent critiquées pour leur manque de coordination, ce qui limite leur efficacité.

La présence simultanée de Tshisekedi et Kagame revêt une portée symbolique majeure : depuis la reprise des hostilités fin 2021, les deux dirigeants ont rarement dialogué directement, préférant s’appuyer sur des médiations africaines et internationales. Ce sommet est donc perçu comme un moment charnière : il pourrait relancer un processus de dialogue ou entériner un blocage diplomatique durable.

Au-delà du duel politique RDC–Rwanda, la crise dans l’Est menace toute la région des Grands Lacs : déplacements massifs de populations, tensions intercommunautaires, rivalités autour des ressources minières stratégiques… Autant de facteurs qui ont survécu aux multiples tentatives de médiation, qu’il s’agisse des accords de Washington ou de la déclaration de Doha, restées sans effet tangible sur le terrain.

Pour de nombreux analystes, la tenue d’un sommet conjoint CAE–SADC reflète une prise de conscience régionale : la crise congolaise n’est plus seulement un différend bilatéral, mais un problème sécuritaire majeur qui exige une réponse collective et cohérente. Reste à voir si cette réunion historique débouchera sur des engagements fermes ou si elle ne sera qu’une nouvelle étape symbolique dans un processus de paix encore fragile.


Patrick Kalume

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