Un important mouvement militaire a été observé ce mercredi matin dans la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, où des milliers de combattants du mouvement rebelle AFC/M23 auraient été déployés, selon plusieurs témoignages concordants recueillis sur place.
D’après des sources locales, ce sont plus de 10 camions remplis de combattants qui auraient été aperçus dans l’un des ports de la ville, en provenance de Goma. Plusieurs témoins évoquent un contingent estimé à environ 8 000 hommes, dont la majorité serait constituée de jeunes recrues récemment formées à Chanzu, un bastion stratégique du mouvement situé dans le territoire de Rutshuru.
« J’ai vu de mes propres yeux plus de dix camions transportant ces soldats. Ils semblaient tout juste sortis d’un camp d’entraînement, et beaucoup paraissaient très jeunes », témoigne un habitant de Bukavu sous anonymat.
Selon des sources sécuritaires non confirmées, une partie de ces hommes serait constituée d’ex-militaires des FARDC capturés lors de la chute de Goma en janvier dernier et intégrés de force ou volontairement dans les rangs de l’AFC/M23.
Un repositionnement stratégique ?
Pour plusieurs analystes, cette arrivée massive de troupes dans le Sud-Kivu pourrait annoncer une intensification des affrontements dans la région, notamment sur les axes stratégiques menant vers Minembwe et Uvira, deux zones d’intérêt majeur pour les groupes armés.
« Ce redéploiement vise très probablement à créer une pression militaire sur les positions gouvernementales dans le Sud-Kivu, à un moment critique où les négociations de Doha semblent au point mort », estime un expert en sécurité régionale.
Ce mouvement militaire intervient alors que les pourparlers de paix à Doha peinent à produire des résultats concrets. D’aucuns y voient une tentative du M23 de peser davantage dans la balance politique, en montrant sa capacité de projection et d’occupation de nouveaux territoires.
Une population sous tension
À Bukavu, cette démonstration de force inquiète la population locale, déjà éprouvée par des mois d’instabilité. Beaucoup redoutent une nouvelle vague de violences et un possible embrasement de la région, pourtant relativement épargnée ces derniers mois.
Les autorités provinciales n’ont pas encore communiqué officiellement sur cette présence rebelle signalée dans la ville, alimentant davantage les spéculations et l’inquiétude.
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