Actualités

Crise dans l’Est : Joseph Kabila devant la Haute Cour Militaire ce vendredi, une première historique en RDC

Kinshasa, 24 juillet 2025 — Un tournant inédit dans l’histoire judiciaire de la République démocratique du Congo : l’ancien président Joseph Kabila Kabange, au pouvoir de 2001 à 2019, est attendu ce vendredi 25 juillet devant la Haute Cour Militaire pour l’ouverture d’un procès aux enjeux aussi politiques que judiciaires. Une première pour un ancien chef de l’État congolais, traduit devant une juridiction militaire.

L’annonce officielle est intervenue jeudi par voie de communiqué du service de presse de la Haute Cour Militaire, confirmant l’ouverture de ce procès qualifié d’« historique » par plusieurs analystes et juristes congolais. Joseph Kabila qui est pourtant dans la partie orientation du pays fait face à une série d’accusations extrêmement graves : trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, en lien avec la rébellion du M23/AFC, active dans l’Est du pays.

Une levée d’immunité décisive

Longtemps protégé par son statut de sénateur à vie, conformément à la Constitution congolaise, Joseph Kabila a vu son immunité levée par un vote du Sénat le 22 mai 2025. Ce geste, qualifié de « courage institutionnel » par certains acteurs de la société civile, a ouvert la voie à des poursuites judiciaires contre l’ancien président, à la demande expresse de l’auditeur général des FARDC.

Selon plusieurs sources proches du dossier, les services de renseignement congolais et la justice militaire auraient accumulé depuis plusieurs mois des éléments pointant vers un réseau de soutien politique, militaire et financier à la rébellion du M23/AFC, dont feraient partie certaines figures influentes de l’ancien régime.

Un procès sous haute tension

La tenue de ce procès suscite une onde de choc à travers le pays. Jamais auparavant un ancien président congolais n’avait été poursuivi devant une juridiction pénale, et encore moins pour des faits aussi lourds. Ce procès soulève de nombreuses interrogations, tant sur le plan juridique que politique : la justice militaire est-elle en mesure de garantir un procès équitable ? Les témoins seront-ils protégés ? Et quelles seront les répercussions institutionnelles et sécuritaires, notamment dans l’Est déjà en proie à une instabilité chronique ?

Des organisations internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont appelé Kinshasa à assurer la transparence du procès et le respect des normes du droit international.

Une justice en quête de légitimité

Pour le gouvernement congolais, ce procès représente un test majeur dans sa volonté affichée de lutter contre l’impunité, même au plus haut sommet de l’État. Le Vice-Premier Ministre en charge de la Justice, Jacquemain Shabani, a affirmé ce jeudi que « nul n’est au-dessus de la loi », réitérant l’engagement de Kinshasa à rendre justice, « sans revanche, mais avec vérité ».

À quelques mois d’élections locales et dans un contexte sécuritaire tendu, cette comparution de l’ancien président Kabila risque de reconfigurer le paysage politique congolais, tout en mettant à rude épreuve la stabilité des institutions et la cohésion nationale.

Le procès s’annonce donc non seulement comme une épreuve judiciaire, mais aussi comme un moment de vérité pour la démocratie congolaise.


Muller Mundeke Kalonji

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *