Des réseaux communautaires, des résistants Wazalendo et plusieurs défenseurs des droits humains tirent la sonnette d’alarme face à une nouvelle stratégie qu’ils qualifient de « cynique et inhumaine » du mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda.
Selon leurs révélations, le M23 aurait lancé une campagne de recrutement forcé d’enfants mineurs, parfois âgés de 12 à 15 ans, non seulement pour les utiliser comme combattants de première ligne, mais surtout dans le but de les sacrifier intentionnellement afin de manipuler l’opinion internationale.
Un plan orchestré pour accuser les FARDC et les Wazalendo
D’après des sources locales concordantes, le projet du M23 consisterait à envoyer délibérément ces enfants sur les lignes de front, dans des zones à forte intensité des combats, notamment autour de Kanyamahoro, Kalake et Kibumba, au Nord-Kivu.
Ces jeunes recrues seraient volontairement exposées à la mort, afin que, par la suite, les rebelles diffusent des images ou des vidéos de leurs corps en accusant les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les résistants Wazalendo d’avoir tué des enfants.
« C’est une manœuvre de propagande bien pensée. Le but est de provoquer l’émotion internationale et de présenter les FARDC et les patriotes congolais comme des assassins d’enfants », dénonce un coordinateur du réseau VDP Front Rutshuru-Nyiragongo.
Les Wazalendo affirment que cette stratégie vise à ternir l’image des forces loyalistes auprès des partenaires internationaux, à affaiblir la résistance populaire, et à gagner la sympathie médiatique mondiale en manipulant les faits sur le terrain.
Des témoignages accablants sur les méthodes du M23
Plusieurs familles des zones sous contrôle ou influence du M23 affirment que leurs enfants ont été enlevés, trompés ou forcés de rejoindre les rangs rebelles. Certains auraient été soumis à des violences physiques, des menaces ou des séances d’endoctrinement, leur promettant protection ou argent.
Des témoins indiquent également que certains jeunes, après quelques jours d’entraînement, sont immédiatement envoyés en première ligne, sans expérience ni équipement adéquat, pour être sacrifiés lors des offensives contre les FARDC.
Ces pratiques, jugées « monstrueuses » par les activistes, constituent selon eux une violation flagrante du droit international humanitaire et relèvent d’un crime de guerre planifié.
Un phénomène documenté mais qui prend une tournure plus grave
Le recrutement d’enfants par des groupes armés dans l’Est de la RDC n’est pas nouveau. Toutefois, les Wazalendo et les défenseurs des droits humains notent que la dimension de manipulation médiatique ajoutée à cette pratique est inédite et particulièrement préoccupante.
Des rapports récents de l’ONU, de Human Rights Watch et de la MONUSCO avaient déjà alerté sur la présence d’enfants dans les rangs du M23, mais aucun n’avait jusqu’ici évoqué un plan consistant à provoquer volontairement leur mort pour des fins de communication politique.
Appels urgents à la communauté internationale
Ricky Paluku, activiste des droits humains, condamne cette stratégie qu’il qualifie de « barbarie calculée » :
« Le M23 veut fabriquer des martyrs pour manipuler le monde. C’est un crime prémédité contre des enfants congolais innocents. Le silence de la communauté internationale serait une complicité morale. »
De son côté, Jean-Luc Mukanda, défenseur des droits humains dans l’Est du pays, appelle à une réaction ferme et immédiate, formulant trois recommandations principales :
1. L’ouverture d’une enquête internationale indépendante sur les allégations de recrutement et de mise à mort planifiée d’enfants dans les zones sous influence du M23/AFC.
2. La sécurisation des zones à risque pour empêcher de nouveaux enrôlements, notamment dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi.
3. La protection humanitaire urgente des familles victimes et la prise en charge psychologique des enfants rescapés.
Un drame humanitaire en expansion
Les conséquences de ces pratiques sont déjà visibles : des familles disloquées, des villages désertés et une hausse du nombre d’enfants disparus. Les organisations humanitaires locales estiment que plusieurs centaines de mineurs auraient été enrôlés depuis le début de l’année 2025 dans les zones sous contrôle rebelle, sans qu’on sache combien sont encore en vie.
Les Wazalendo appellent à la vigilance et à la résistance
Face à cette situation, les réseaux Wazalendo appellent les habitants des zones menacées à signaler immédiatement tout cas de recrutement d’enfants aux autorités locales ou aux défenseurs des droits humains.
Ils réaffirment leur engagement à protéger la population et dénoncent une tentative d’extermination psychologique du peuple congolais à travers la manipulation et la terreur.
« Ils veulent tuer nos enfants pour dire que c’est nous, les Congolais, qui les avons tués. Mais le monde doit savoir la vérité. Le M23 tue pour mentir », conclut un responsable communautaire du groupement de Kibumba.
Patrick Kalume