Le cinquième round des pourparlers de Doha entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC-M23 s’est achevé ce week-end sans avancée majeure. Les deux délégations ont quitté la capitale qatarienne sur une note amère, laissant planer l’incertitude quant à l’avenir du processus de paix.
Un seul acquis : le mécanisme d’échange de prisonniers
La seule annonce concrète de ce round est la signature d’un mécanisme technique encadrant l’échange de prisonniers entre les deux camps. Un pas certes symbolique, mais qui reste suspendu à la validation et à l’accompagnement du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).
À New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le président Félix Tshisekedi a confirmé que Kinshasa attendait le feu vert du CICR pour enclencher le processus.
L’accord de paix toujours hors de portée
Initialement, des discussions directes en vue d’un accord global de paix devaient débuter au plus tard le 8 août 2025, avec une signature prévue le 18 août. Mais à ce jour, les négociations de fond n’ont même pas commencé.
Un responsable qatari, cité par RFI, affirme que les pourparlers ne reprendront pas avant deux semaines. Aucune nouvelle date officielle n’a été fixée pour la signature d’un éventuel accord.
Sur le terrain, la guerre reprend de plus belle
Alors que Doha s’enlise, la réalité est tout autre sur le terrain : combats à l’arme lourde, progression des troupes rebelles, frappes de l’aviation militaire congolaise… Les hostilités ont repris avec une intensité inédite depuis plusieurs mois. La bataille pour le contrôle des territoires du Nord-Kivu éloigne chaque jour un peu plus la perspective d’un retour à la paix.
Le dialogue national au point mort
Au-delà des discussions de Doha, l’idée d’un dialogue national inclusif – proposée par les Églises catholique et protestante – semble elle aussi au ralenti. Plusieurs chancelleries occidentales tentent d’empêcher la rupture totale en multipliant les appels et les démarches diplomatiques depuis le week-end dernier. Mais la méfiance entre Kinshasa et l’AFC-M23 reste entière.
Une paix fragile et incertaine
À l’heure actuelle, le processus de Doha apparaît fragilisé. Le mécanisme d’échange de prisonniers, bien que signé, ne masque pas l’absence de consensus sur les questions de fond : cessez-le-feu, retrait des troupes, retour des déplacés et réintégration politique.
Tant que ces sujets resteront en suspens, le spectre d’une escalade militaire continuera de dominer le quotidien des populations de l’Est de la RDC.
Yvan Kambere à Butembo
