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RDC : plus de 21 milliards de dollars exigés à Joseph Kabila pour complicité avec le M23/AFC, voici l’insistance des avocats de la République

La Haute Cour militaire de la RDC a connu un nouveau tournant ce jour, avec la poursuite des plaidoiries dans l’affaire visant l’ancien président Joseph Kabila, absent depuis le début du procès.

Les avocats des parties civiles – représentés par la République démocratique du Congo ainsi que les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu – exigent une réparation financière colossale : 21 781 787 261 USD de dommages-intérêts. Ce montant, qui avoisine les 21,8 milliards de dollars américains, couvre les préjudices matériels, financiers et humanitaires attribués au soutien présumé de Kabila à la rébellion M23/AFC, en connivence avec l’armée rwandaise.

Contexte des accusations et déroulement de l’audience

Les parties civiles reprochent à l’ex-chef de l’État d’avoir indirectement attisé la déstabilisation de l’est de la RDC, provoquant destructions, pillages, pertes de recettes publiques et décès massifs. Selon elles, “la valeur de la vie humaine reste inestimable”, soulignant que les sommes évoquées ne représentent qu’une estimation des dégâts matériels et économiques.

L’affaire est fondée sur une injonction du Ministre de la Justice qui a abouti à un réquisitoire transmis au Sénat, lequel a ensuite levé l’immunité parlementaire de l’ancien président. Des éléments de preuve, dont une interview médiatisée de Kabila, auraient également été présentés comme démonstration de son implication.

Témoignages et accusations renforcées

  • Un avocat de la République a estimé que Kabila devrait être jugé non comme Congolais pour trahison, mais comme espion étranger, compte tenu de ses liens présumés avec le Rwanda via le M23/AFC.
  • D’autres conseils ont même contesté la filiation de Kabila avec sa mère, affirmant qu’« on est allé jusqu’à créer sa mère », dans le cadre d’un stratagème identitaire visant à renforcer sa légitimité politique.

Réactions du camp Kabila

Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et ses cadres dénoncent une persécution politique déguisée, visant à écarter un rival influent. Pour ses proches, il s’agirait d’une mise en scène destinée à affaiblir un acteur majeur de l’opposition.

Contexte politique plus large

  • Le Sénat congolais a voté massivement, 88 voix contre 5, en faveur de la levée de l’immunité de Kabila, permettant ainsi l’ouverture de poursuites pour haute trahison, crimes contre l’humanité et complicité avec le M23.
  • À l’international, l’ancien président a dénoncé un système judiciaire instrumentalisé, tout en défendant sa présence sur le territoire malgré le risque judiciaire.
  • Dans l’est du pays, l’ONU a multiplié les mises en garde contre l’implication rwandaise et exigé le retrait des forces étrangères. La Cour pénale internationale a relancé ses enquêtes sur les crimes commis au Nord-Kivu depuis 2022, y compris ceux liés au M23.
  • Par ailleurs, un accord de paix signé le 27 juin 2025 à Washington engage la RDC et le Rwanda à retirer les troupes rwandaises de l’est du Congo dans les 90 jours, bien que le M23 n’ait pas été directement impliqué dans cet accord.

Le procès devant la Haute Cour militaire s’annonce déjà comme l’un des plus lourds de l’histoire judiciaire congolaise, tant par l’ampleur financière des demandes que par les implications politiques et identitaires. L’absence de Joseph Kabila, la contestation de sa filiation, la nature des peines envisagées (trahison, espionnage, etc.) et la conjoncture internationale ajoutent une complexité supplémentaire à l’affaire.


Muller Mundeke Kalonji

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