Depuis quelques jours, la « Nyendawagira », une forme de ristourne locale, suscite un engouement croissant à Goma. Pour 250 $, les participants espèrent doubler leur mise en deux semaines et repartir avec 500 $ – une promesse alléchante rappelant le miracle de la multiplication des pains dans la Bible.
Une effervescence matinale
Chaque matin, plusieurs dizaines de personnes, motivées par ce gain rapide, se pressent à Ndosho devant le portail de Nyendawagira pour s’inscrire et déposer leurs 250 $.
Témoignages divergents : espoir ou soupçon ?
D’un côté, certains participants se disent satisfaits, assurant avoir récupéré leur mise avec bénéfices et encourageant d’autres à se lancer.
De l’autre, des internautes et anciens victimes de systèmes similaires dénoncent déjà cette formule comme un “vol planifié”, rappelant des arnaques passées telles que celles liées aux réseaux “Dutch” ou “Otto” à Goma.
Rappel historique
De tels systèmes n’ont rien de nouveau au Nord-Kivu. Dans le passé, plusieurs personnes, y compris des étudiants, ont perdu de grosses sommes après avoir été promises à une multiplication miraculeuse de leur argent. Souvent, une fois l’arnaque découverte, les organisateurs disparaissent sans laisser de trace.
Ces incidents renforcent la prudence des observateurs et de la population, qui voient dans Nyendawagira une tentation dangereuse, voire un piège implacable.
Entre espoir de profit et méfiance
Ce qui se déroule aujourd’hui à Goma illustre une tension entre un besoin économique réel — dans une ville marquée par le conflit et les crises humanitaires — et la vulnérabilité des citoyens face aux promesses trompeuses.
Le recours à un système financier rapide, sans garantie ni régulation, exploite un climat d’espoir fragile et ravive les souvenirs douloureux de victimes passées.
Contexte et risques
- Contexte humanitaire : La région reste marquée par des crises humanitaires récurrentes, avec un grand nombre de déplacés et un accès limité aux opportunités économiques.
- Absence de cadre légal : Aucun signe ne montre que Nyendawagira soit supervisé ou réglementé, ce qui augmente les risques de fraude.
- Précédents inquiétants : D’autres initiatives semblables ont par le passé causé d’importantes pertes financières à la population locale.
Recommandations aux lecteurs
- Rester vigilant face à toute offre promettant des gains élevés en peu de temps sans garantie.
- S’informer auprès des autorités locales avant de s’engager financièrement.
- Privilégier les structures encadrées : coopératives d’épargne ou programmes reconnus.
Conclusion
À Goma, la “Nyendawagira” attire aujourd’hui de nombreux habitants en quête d’un revenu rapide. Mais dans un contexte de précarité et de précédentes escroqueries, la prudence reste de mise. Entre promesse de profit et risque d’arnaque, l’avenir de cette initiative reste incertain.
Suzanne Kalambay Mujinga