Dix jours après la signature à Doha d’une déclaration de principes entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le mouvement rebelle AFC/M23, censée poser les jalons d’un futur accord de paix, le processus montre déjà des signes d’essoufflement.
La date du 29 juillet, marquant l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre les deux camps, est passée sans effet notable sur le terrain. Retour sur les points qui freinent l’application de ce fragile compromis.
1. Un cessez-le-feu ignoré dès les premiers jours
Malgré l’engagement des deux parties à cesser les hostilités, les combats se sont poursuivis dans plusieurs zones du Nord-Kivu. Les affrontements les plus récents, notamment dans les territoires de Masisi et Rutshuru, témoignent de la méfiance persistante entre les protagonistes. Chacun accuse l’autre de provocation, rendant toute désescalade difficile. Aucune ligne de front n’a réellement été gelée.
2. Un mécanisme conjoint de surveillance toujours au point mort
L’un des volets clés de l’accord de Doha prévoyait la mise en place d’un mécanisme conjoint de surveillance et de vérification du cessez-le-feu. Celui-ci devait inclure des observateurs internationaux, notamment la MONUSCO, et s’appuyer sur des moyens aériens comme des drones pour documenter les violations. Mais à ce jour, aucune mission de terrain n’a été organisée, faute de consensus sur le fonctionnement de ce mécanisme.
L’AFC/M23 a proposé la création d’une zone tampon démilitarisée pour sécuriser les zones sensibles — une idée immédiatement rejetée par Kinshasa. Une autre option, un repli symétrique des forces sur plusieurs kilomètres, n’a pas non plus été acceptée.
3. Blocage sur la question des prisonniers
Autre nœud du processus : la libération des prisonniers politiques et militaires. Le mouvement AFC/M23 a remis à la médiation une liste de plus de 780 détenus qu’il exige de voir libérés, dont plusieurs figures proches de son coordinateur politique, Corneille Nangaa. Le gouvernement congolais, quant à lui, temporise : toute libération se fera au cas par cas, dans le cadre d’un accord final, pas avant.
Cette divergence crée une impasse. L’AFC/M23 menace de suspendre sa participation au processus s’il n’y a pas de signal clair sur ce point, notamment la libération de ses cadres emblématiques.
4. Une médiation sous pression
Le médiateur qatari, qui avait facilité les pourparlers initiaux, multiplie les efforts pour éviter une rupture totale du dialogue. Son objectif immédiat : réunir les deux camps à Doha d’ici le 8 août pour entamer des discussions directes sur un accord définitif. Pour cela, il faut un minimum de gestes de bonne foi de part et d’autre, ce qui, pour l’instant, semble compromis.
5. Une situation militaire qui complique tout
Pendant que les négociations stagnent, la situation militaire évolue. L’AFC/M23 continue de consolider ses positions dans plusieurs localités stratégiques. Cela alimente la méfiance de Kinshasa, qui craint que le mouvement n’utilise les discussions comme écran pour renforcer son emprise sur le terrain.
RFI via Actucongo.blog