Alors que la présence remarquée de Joseph Kabila à Goma suscite interrogations et spéculations dans le paysage politique congolais, l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) alliée au M23 a tenu à clarifier la situation ce vendredi lors d’une conférence de presse inédite tenue dans la capitale provinciale du Nord-Kivu.
Une mise au point sur fond de tension
Face aux rumeurs persistantes sur une prétendue affiliation de l’ancien président à la rébellion armée, Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent de l’AFC-M23, a déclaré sans détour :
« Joseph Kabila n’est pas membre de notre organisation, à moins qu’il décide un jour d’en faire partie, ce qui serait légitime compte tenu du travail remarquable que nous réalisons sur le terrain. »
Et d’ajouter :
« Sa présence à Goma ne devrait pas surprendre. Elle n’est pas différente de celle des évêques de la CENCO ou de la représentante de l’ONU, Bintou Keita. Il reste une figure incontournable dans l’histoire et l’avenir politique de notre pays. »
Un procès sous tension politique
Cette prise de parole intervient alors que Joseph Kabila est convoqué ce vendredi 25 juillet devant la Haute Cour militaire à Kinshasa. Il est accusé de crimes extrêmement graves par le ministère public, notamment :
- Participation à un mouvement insurrectionnel
- Crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité
- Homicide intentionnel par balles
- Apologie de crimes
- Trahison
- Viol, torture, déportation
- Occupation armée de la ville de Goma
Ces charges, qualifiées de “procès d’intention” par l’AFC-M23, font suite à des images et témoignages montrant Joseph Kabila aux côtés de figures du M23 dans l’est du pays.
Benjamin Mbonimpa s’en est vivement pris aux autorités judiciaires :
« Nous regrettons ce simulacre de procès contre une personnalité qui a tout donné pour la RDC. Ceux qui s’acharnent contre Joseph Kabila cherchent à l’écarter des discussions de paix, alors même qu’il pourrait jouer un rôle de médiateur crédible. »
Un climat politique électrique
La convocation de Joseph Kabila devant la justice militaire marque une première dans l’histoire politique de la RDC. Jamais un ancien chef d’État congolais n’avait été traduit devant une juridiction militaire pour de tels chefs d’accusation.
Si certains y voient un tournant vers la fin de l’impunité, d’autres dénoncent une instrumentalisation politique de la justice visant à neutraliser un acteur clé du paysage national.
En toile de fond, le processus de paix piétine entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23. Et la question de la participation d’anciens dirigeants, comme Joseph Kabila, à ces pourparlers divise profondément la classe politique et la société civile.
Muller Mundeke Kalonji