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Crise RDC-Rwanda : l’Ouganda via le fils Museveni rejette les pourparlers de Doha et de Washington

Le général ougandais Muhoozi Kainerugaba, influent acteur sécuritaire et fils du président Yoweri Museveni, a vivement critiqué le rôle croissant des puissances étrangères dans les efforts de médiation autour du conflit opposant la République démocratique du Congo (RDC) au Rwanda.

Dans une publication postée ce jeudi sur le réseau social X (anciennement Twitter), le général a déclaré sans détour :
« Ni le Qatar ni les États-Unis ne peuvent trancher pour neuf pays africains voisins de la RDC et susceptibles d’avoir des problèmes avec elle. Washington et Doha ne valent rien sans l’EAC et la SADC. »

Ce commentaire intervient alors que les initiatives diplomatiques internationales se multiplient pour tenter de désamorcer les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, exacerbées ces derniers mois par la résurgence des combats dans l’est de la RDC et les accusations mutuelles de soutien aux groupes armés.

Un plaidoyer pour l’appropriation régionale des solutions

Le général Muhoozi, connu pour ses positions directes et parfois controversées, remet ici en question la légitimité des médiateurs non africains à intervenir dans des conflits qu’il estime relever avant tout des responsabilités régionales. Pour lui, seules les organisations africaines telles que la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) disposent de la légitimité et de la connaissance du terrain nécessaires pour proposer des solutions durables.

« L’Afrique doit résoudre ses propres problèmes », semble-t-il rappeler, dans une démarche qui s’inscrit dans un sentiment de plus en plus partagé sur le continent : la nécessité de renforcer l’autonomie stratégique africaine face aux dynamiques géopolitiques extérieures jugées parfois contre-productives ou déconnectées des réalités locales.

Des réactions attendues

Cette déclaration n’a pas manqué de faire réagir dans certains cercles diplomatiques africains, où l’on voit dans cette sortie un message clair adressé aux chancelleries occidentales et aux puissances du Golfe, de plus en plus présentes dans les dossiers sécuritaires du continent.

Jusqu’à présent, ni le gouvernement congolais, ni les autorités américaines ou qataries n’ont officiellement réagi aux propos du général ougandais. Toutefois, son intervention vient alimenter un débat crucial : celui du rôle et des limites des médiations internationales dans les conflits africains, à l’heure où les équilibres régionaux restent fragiles.

Contexte tendu entre Kinshasa et Kigali

Pour rappel, les relations entre la RDC et le Rwanda traversent une grave crise depuis la réémergence du mouvement rebelle M23, accusé par Kinshasa d’être soutenu militairement par Kigali — ce que le Rwanda dément. Plusieurs tentatives de médiation ont été lancées, notamment sous l’égide du processus de Luanda, de l’EAC et, plus récemment, via les bons offices du Qatar et des États-Unis dans le cadre des discussions de Doha.

Mais pour Muhoozi Kainerugaba, l’avenir de la paix dans la région ne pourra être garanti que si l’Afrique elle-même prend pleinement en charge son destin.


Muller Mundeke Kalonji

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