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Doha : voici ce que dit l’accord de principe sur le retrait de l’AFC-M23 et son avenir


Un tournant majeur dans la crise qui secoue l’Est de la République Démocratique du Congo vient d’être franchi. Ce vendredi 18 juillet à Doha, capitale du Qatar, le gouvernement congolais et la coalition rebelle AFC/M23 ont signé une Déclaration de principes censée poser les bases d’une paix durable dans les provinces de l’Est, ravagées par les violences armées.

Une signature attendue et stratégique

La signature de ce document hautement symbolique s’est tenue en présence de médiateurs du Qatar, d’observateurs internationaux représentant l’Union Africaine, la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) et les Nations Unies. Elle intervient après plus de trois mois de négociations discrètes, facilitées par les bons offices du Qatar et sous l’impulsion des États-Unis, qui ont joué un rôle clé dans le rapprochement des parties.

Les signataires de l’accord

La cérémonie a été marquée par la signature officielle du haut représentant du président Félix Tshisekedi, Sumbu Sita Mambu, également chargé du suivi de l’accord de Luanda et des mécanismes régionaux, aux côtés de Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent de l’AFC/M23. Cette étape, qualifiée de « fumée blanche » par plusieurs observateurs, ouvre la voie à un processus complexe mais crucial de désescalade du conflit.

Les points clés de la Déclaration de principes

Le document signé comporte sept engagements majeurs :

  1. Cessez-le-feu immédiat : arrêt des hostilités dans toutes les zones de conflit dès la signature de l’accord.
  2. Retrait progressif des troupes du M23 : sous supervision internationale, ce retrait s’effectuera de manière encadrée et par phases.
  3. Intégration politique : une voie de réintégration dans les institutions est offerte à certains cadres du M23, suivant des critères à définir par un comité mixte.
  4. Réinsertion sécuritaire : les combattants désarmés, non poursuivis pour crimes graves, pourront être intégrés dans les forces nationales après un processus de DDR (désarmement, démobilisation, réintégration).
  5. Amnistie sélective : seuls les membres du mouvement n’ayant pas commis de crimes graves pourront bénéficier d’une amnistie.
  6. Suspension des poursuites judiciaires : certains mandats d’arrêt sont suspendus temporairement pour encourager la confiance mutuelle.
  7. Retour sécurisé des déplacés : des mécanismes seront mis en place pour permettre aux populations déplacées de regagner leurs localités en toute sécurité.

Un premier pas, mais des défis importants

Si l’accord de Doha représente un signal fort, les experts restent prudents. Plusieurs questions sensibles, telles que la confiance entre les parties, la mise en œuvre du DDR ou la gestion des populations locales affectées, nécessiteront un suivi rigoureux. Les autorités congolaises devront également convaincre une partie de l’opinion publique, profondément méfiante à l’égard de toute forme de compromis avec les groupes armés.

Du côté de la communauté internationale, les attentes sont claires : éviter un nouvel enlisement comme celui observé après les précédents accords de Nairobi ou de Luanda, souvent restés sans suite.

Et maintenant ?

Selon nos sources, une feuille de route détaillée devrait être élaborée dans les prochains jours, avec la participation d’un comité mixte de suivi. Les observateurs de l’ONU, de l’UA et de la CIRGL devraient jouer un rôle actif dans la vérification du respect des engagements.


Muller Mundeke depuis Beni

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