Kigali, 4 juillet 2025 – Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi dans la capitale rwandaise, le président Paul Kagame est revenu en détail sur les récentes initiatives diplomatiques visant à apaiser les tensions persistantes entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), notamment l’accord signé à Washington le 27 juin dernier sous la médiation des États-Unis.
S’il s’est dit reconnaissant envers le président américain pour son rôle de facilitateur, le chef de l’État rwandais a tenu à rappeler que la mise en œuvre effective de l’accord incombe aux parties signataires. « C’est à ceux qui ont trouvé un accord de l’implémenter », a-t-il insisté. Il a toutefois exprimé des doutes sur la sincérité de certains engagements passés : « Nous avons vu par le passé que les gens ne tiennent pas toujours leurs engagements. »
La question des FDLR, pierre d’achoppement majeure
Au cœur des préoccupations de Kigali figure la neutralisation des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un groupe armé composé en partie d’ex-miliciens rwandais responsables du génocide de 1994, toujours actifs dans l’est congolais. Selon Kagame, tant que cette question ne sera pas résolue, le Rwanda se réserve le droit d’agir pour protéger sa sécurité nationale :
« Si la question des FDLR n’est pas réglée, alors même que nous avons défini dans l’accord la manière de le faire, alors le problème sera toujours là. Et le Rwanda fera toujours ce qu’il doit faire quand les FDLR se trouvent le long de notre frontière. »
Doha et Washington, un processus complémentaire selon Kigali
Au-delà de l’accord de Washington, le président rwandais a souligné l’importance des discussions en cours à Doha, au Qatar, entre le gouvernement congolais et les groupes armés actifs à l’est du pays, notamment l’Alliance Fleuve Congo (AFC) / M23. Pour lui, ces deux initiatives doivent être perçues comme indissociables :
« Tout aussi important, un autre accord est en cours qui concerne les groupes internes à la RDC, l’AFC/M23 et le gouvernement, un processus qui est en discussion et facilité par le Qatar. Ce sont les deux faces d’une même pièce. »
Kigali rejette les conclusions du rapport onusien
Interrogé sur le rapport récent des experts des Nations Unies, qui accuse le Rwanda de soutien militaire au M23 et d’exploitation illégale de ressources minières congolaises, Paul Kagame a rejeté ces allégations, estimant qu’elles entravent les efforts de paix :
« Il s’agit d’un narratif qui nuit à la résolution du problème. »
Kigali continue de nier tout soutien au M23, malgré les preuves évoquées dans les rapports onusiens, et dénonce un déséquilibre dans le traitement du conflit, focalisé selon lui uniquement sur le rôle du Rwanda, sans tenir compte de la menace représentée par les FDLR.
Contexte :
Les tensions entre la RDC et le Rwanda ont connu une escalade ces dernières années, sur fond de guerre dans l’est congolais, d’activités de groupes armés, et d’accusations mutuelles. Les récentes initiatives diplomatiques de Washington et Doha visent à construire une paix durable, mais leur succès dépendra de la volonté réelle des acteurs concernés à rompre avec la logique de confrontation.
RFI via Actucongo.blog
