Dans un communiqué rendu public vendredi 27 juin depuis Goma, le mouvement rebelle M23/AFC a dressé une liste de quinze journalistes congolais qu’il présente comme victimes de persécutions, d’arrestations arbitraires et d’exil forcé orchestrés par le régime de Kinshasa, en représailles à leurs travaux journalistiques.
Parmi les noms cités, on retrouve :
- Stanis Bujakera (Actualité.cd, Reuters, Jeune Afrique), incarcéré pendant six mois à la prison de Makala pour son article sur l’assassinat de Chérubin Okende.
- Patrick Lokala, chroniqueur politique, arrêté et torturé pour avoir critiqué l’action gouvernementale.
- Steve Wembi, journaliste indépendant, contraint à l’exil après ses enquêtes sur la corruption.
- Olivier Makambu, détenu deux mois sans motif après avoir animé un débat jugé sensible envers le président Tshisekedi.
- Paz Miluta (RCK), arrêté pendant 16 jours pour avoir critiqué le président de l’Assemblée nationale, Mboso Nkodia.
- Odinolas Mobala et Roublain Bamba (Bosolo na Politik), tous deux interpellés par la garde présidentielle suite à des analyses jugées trop critiques.
- Fabrice Ngani (La Voix de Bumba FM), détenu une semaine pour propos considérés comme outrageants.
- Patient Ligodi (Actualité.cd), brièvement détenu après une enquête sur l’usage de fonds publics.
- Tholi Totali Glody (Radio Liberté Lisala), arrêté plusieurs jours pour un reportage critique.
- John Langila (Educ TV), menacé par des partisans de l’UDPS pour ses prises de position sur le conflit à l’Est.
- Baelenge Irenge, Péro Luwara et Bibi Kapinga, journalistes indépendants, tous forcés à l’exil suite à des menaces directes.

Dans ce document, le M23/AFC accuse ouvertement le pouvoir central de violer la liberté de la presse et d’intimider les voix critiques.
Des accusations qui suscitent la controverse
Cependant, plusieurs observateurs dénoncent ce qu’ils qualifient de « manœuvre de diversion ». Ils rappellent que, dans les zones sous contrôle du M23, les journalistes et médias locaux travaillent sous une pression constante, sans réelle indépendance éditoriale et souvent sous la menace d’exactions ou de représailles en cas de couverture jugée défavorable au mouvement.
Alors que la situation sécuritaire et politique reste extrêmement tendue en RDC, cette publication du M23/AFC révèle avant tout l’instrumentalisation de la question de la liberté de la presse comme arme politique, et laisse planer de lourdes interrogations sur les conditions réelles d’exercice du journalisme dans toutes les zones en conflit.
Xavier Yulu Kasongo